Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine - PSL
Fondateur de la Chaire Économie du Climat
À la COP28 de Dubaï, le premier bilan global de l’accord de Paris a fait le constat que la pleine application des NDC permettrait dans le meilleur des cas de réduire d’environ 10% les émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 2019 et 2030 (zone rouge sur le graphique).
UNFCC
C’est un progrès relativement aux projections faites en 2015, au moment de l’adoption de l’accord de Paris (en grisé sur le graphique), mais bien insuffisant pour se mettre sur les rails des scénarios du GIEC donnant une chance sur deux de limiter le réchauffement à 1,5 °C.
Pour rattraper le temps perdu, il faudra fortement réévaluer les engagements des pays en 2025. Ce sera l’enjeu central de la COP30 l’an prochain, à Belém au cœur de l’Amazonie. Une condition nécessaire pour y parvenir est de s’accorder dès la COP29 de Bakou sur un nouvel objectif collectif de financement succédant à celui de 100 milliards de dollars, atteint avec deux ans de retard en 2022.
L’objectif de 100 Mds, date d’il y a quinze ans et n’est plus en phase avec les besoins du Sud estimés dans une fourchette de 500 à 2 500 Mds par an d’ici 2030 par le rapport préparatoire de l’OCDE. Sur cette base, les ONG engagées pour le climat militent pour une multiplication par dix de l’objectif des financements climatiques internationaux d’ici 2030.
Elles sont rejointes par la grande majorité des pays moins avancés qui font face à des besoins croissants au titre de l’adaptation et des pertes et dommages provoqués par le changement climatique. Les bailleurs occidentaux ne sont pas disposés à régler seuls une telle facture, alors que la Chine et les autres pays émergents rappellent qu’ils ne sont pas mentionnés dans l’Annexe 2 de la Convention de 1992 listant les responsables historiques du réchauffement climatique.
C’est donc une partie de bras de fer qui va s’engager à la COP29, à propos des financements internationaux, dans un contexte international de tensions extrêmes, peu propice à l’atteinte d’accords entre pays appartenant à des blocs opposés.
La négociation climatique pourra-t-elle surmonter ces difficultés ? Réponse à Bakou d'ici quelques jours.
Sources / Notes
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original dans sa version intégrale.
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