Climat : la suite de l’histoire s’écrit à Bakou et à Belém

Christian de Perthuis

Professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine - PSL

Fondateur de la Chaire Économie du Climat

À la COP28 de Dubaï, le premier bilan global de l’accord de Paris a fait le constat que la pleine application des NDC permettrait dans le meilleur des cas de réduire d’environ 10% les émissions mondiales de gaz à effet de serre entre 2019 et 2030 (zone rouge sur le graphique).

 

Evaluation du premier bilan mondial de l’accord de Paris, en date de septembre 2023.UNFCC


















 

C’est un progrès relativement aux projections faites en 2015, au moment de l’adoption de l’accord de Paris (en grisé sur le graphique), mais bien insuffisant pour se mettre sur les rails des scénarios du GIEC donnant une chance sur deux de limiter le réchauffement à 1,5 °C.

Pour rattraper le temps perdu, il faudra fortement réévaluer les engagements des pays en 2025. Ce sera l’enjeu central de la COP30 l’an prochain, à Belém au cœur de l’Amazonie. Une condition nécessaire pour y parvenir est de s’accorder dès la COP29 de Bakou sur un nouvel objectif collectif de financement succédant à celui de 100 milliards de dollars, atteint avec deux ans de retard en 2022.

L’objectif de 100 Mds, date d’il y a quinze ans et n’est plus en phase avec les besoins du Sud estimés dans une fourchette de 500 à 2 500 Mds par an d’ici 2030 par le rapport préparatoire de l’OCDE. Sur cette base, les ONG engagées pour le climat militent pour une multiplication par dix de l’objectif des financements climatiques internationaux d’ici 2030.

Elles sont rejointes par la grande majorité des pays moins avancés qui font face à des besoins croissants au titre de l’adaptation et des pertes et dommages provoqués par le changement climatique. Les bailleurs occidentaux ne sont pas disposés à régler seuls une telle facture, alors que la Chine et les autres pays émergents rappellent qu’ils ne sont pas mentionnés dans l’Annexe 2 de la Convention de 1992 listant les responsables historiques du réchauffement climatique.

C’est donc une partie de bras de fer qui va s’engager à la COP29, à propos des financements internationaux, dans un contexte international de tensions extrêmes, peu propice à l’atteinte d’accords entre pays appartenant à des blocs opposés. 

La négociation climatique pourra-t-elle surmonter ces difficultés ? Réponse à Bakou d'ici quelques jours.The Conversation

Sources / Notes

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original dans sa version intégrale.

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Commentaire

jean-Loup Bertaux
A la COP 21 (Paris 2015) il a été décidé que les pays "riches" aident les moins riches pour s'adapter au changement climatique à hauteur de 100 milliards par an, chiffre qui a été dépassé (116 milliards) en 2022. A Bakou et au G20, il est question d’augmenter considérablement cette aide (on parle de 1.000 milliards /an). On entend souvent comme justification la « dette climatique », au motif que les états riches ont émis beaucoup plus de CO2 que les autres, donc sont majoritairement responsables. Cela est faux ! tout au moins sur la période 1990-2024. La concentration de CO2 était de 270 ppm à l’époque pré-industrielle, et de 84 ppm de plus en 1990 et 152 en 2024 (422-270). L’excès de CO2 est une mesure du cumul des émissions. De 1990 à 2024, on a augmenté de 68 ppm, soit 45 % de l’augmentation totale du CO2. Sur cette période, les émissions/an de CO2 des pays « riches » , ceux de l’Annexe 1, ont diminué de 19 à 15.8 Gigatonnes/an (-20 %) , tandis que les émissions de tous les autres pays (Non-Annexe 1, Chine comprise) ont augmenté de 17 à 37 Gigatonnes/an (+64 %). Un calcul rapide indique que les émissions CO2 cumulées de 1990 à 2024 sont de 611 GT pour les pays Annexe 1, et 891 GT pour les autres, soit des contributions respectives de 41% et 59 %. On conçoit dès lors que les pays de l’Annexe 1, liste définie en 1992, désirent inclure dans cette liste de nouveaux pays très producteurs, comme la Chine. Une piste : installer en Afrique massivement des panneaux solaires Chinois, payés par la Chine et les pays Annexe 1 . [email protected]
abbe
On a entendu les représentants des "pays pauvres" réclamer des milliards "pour se protéger de la montée des eaux qui vont engloutir leurs pays", notamment dans le Pacifique. C'est une galéjade. Les multiples marégraphes réparties dans le monde sont formels : les changements de niveau ne dépassent pas le millimètre par an. Ce qui est vrai c'est que l'érosion agit et c'est inévitable ; il en résulte des retraits de cote. Des milliards ? Pour quoi faire ? Construire des lignes maginot tout le long des côtes ? c'est pas sérieux !On a vu il est vrai un parlementaire présenter une video dans laquelle il s'adressait aux collègues onusiens, en bord de rivage, de l'eau jusqu'aux genoux, exprimer ses craintes. Il a été prové que c'était un photomontage. Nous sommes à l'ère de l'IA ; attention, on n'a pas fini de voir des telles falsifications !

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