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Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, doit s'entretenir jeudi à Téhéran avec des responsables du programme nucléaire de l'Iran, dont la montée en puissance cristallise les tensions avec les pays occidentaux.
Ces entretiens sont perçus comme une des dernières chances pour la diplomatie avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, le président élu des Etats-Unis qui a été durant son premier mandat (2017-2021) l'artisan d'une politique dite de "pression maximale" à l'encontre de l'Iran, rétablissant de lourdes sanctions contre Téhéran.
Arrivé mercredi soir dans la capitale iranienne pour des discussions sur le programme nucléaire de l'Iran, M. Grossi doit rencontrer jeudi le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qui a été le négociateur en chef des pourparlers sur le nucléaire entre Téhéran et les grandes puissances.
En 2015, l'Iran et plusieurs pays dont les Etats-Unis avaient conclu à Vienne un accord, après 21 mois de négociations. Le texte prévoyait un allègement des sanctions internationales visant l'Iran, en échange de garanties que le pays ne cherche pas à acquérir l'arme atomique.
Téhéran a toujours farouchement démenti avoir de telles ambitions sur le plan militaire.
Trois ans plus tard, Donald Trump alors président avait retiré unilatéralement les Etats-Unis de l'accord et rétabli de lourdes sanctions à l'encontre de l'Iran.
- Recherche de solutions -
Depuis, le pays a considérablement augmenté ses réserves de matières enrichies à 60%, proches des 90% nécessaires pour élaborer une arme atomique, selon l'AIEA.
L'accord sur le nucléaire plafonnait ce taux à 3,65%.
C'est dans ce contexte que M. Grossi est de retour en Iran après une première visite cette année au mois de mai.
Le chef de l'AIEA "fera ce qu'il peut pour éviter que la situation n'empire" tant les différends sont importants entre Téhéran et les capitales occidentales, a déclaré à l'AFP Ali Vaez, expert de l'Iran pour Crisis Group, un cercle de réflexion basé aux Etats-Unis.
"Ce sont les Etats-Unis, pas l'Iran, qui ont quitté l'accord", a souligné mercredi la porte-parole du gouvernement iranien, Fatemeh Mohajerani, estimant que la "pression maximale" de Donald Trump "ne fonctionnait pas".
Le déplacement de M. Grossi intervient après les déclarations du nouveau ministre de la Défense d'Israël qui a prévenu que Téhéran était "plus exposé que jamais à des frappes sur ses installations nucléaires".
Les deux pays ennemis ont échangé ces derniers mois des tirs de missiles dans un contexte de fortes tensions au Moyen-Orient, en raison de la guerre menée par Israël à Gaza contre le Hamas palestinien et au Liban contre le Hezbollah, deux mouvements islamistes alliés de l'Iran.
Le retour en janvier de Donald Trump à la Maison Blanche fait craindre une montée des tensions entre l'Iran et son pays.
"Les marges de manoeuvre commencent à rétrécir" pour l'Iran, a prévenu mardi M. Grossi dans un entretien à l'AFP, ajoutant qu'il était "impératif de trouver des moyens pour arriver à des solutions diplomatiques".
- Décret religieux -
Les Iraniens "disposent d'un nombre important de matières nucléaires qui pourraient être utilisées pour fabriquer une arme nucléaire", a par ailleurs déclaré M. Grossi dans une interview à la chaîne américaine CNN.
Mais "ils n'ont pas d'arme nucléaire à ce stade", a précisé le chef de l'AIEA.
L'Iran a fortement réduit depuis 2021 les inspections de ses sites nucléaires. Des caméras de surveillance ont été débranchées et l'accréditation d'un groupe d'experts a été retirée.
Les bases du programme nucléaire iranien remontent à la fin des années 1950, lorsque les Etats-Unis ont signé un accord de coopération civile avec le dirigeant iranien d'alors, Mohammad Reza Pahlavi.
En 1970, l'Iran a ratifié le Traité de non-prolifération (TNP), qui fait obligation aux Etats signataires de déclarer et placer leurs matières nucléaires sous le contrôle de l'AIEA.
Plusieurs responsables iraniens se sont publiquement interrogés ces dernières années sur la question de posséder la bombe atomique comme outil de dissuasion, dans un contexte de tensions exacerbées avec Israël.
L'ayatollah Ali Khamenei, au pouvoir depuis 1989 et ultime décideur dans les dossiers sensibles du pays en particulier le nucléaire, a interdit dans un décret religieux (fatwa) tout recours à l'arme atomique.