« Autrefois perçu comme intrinsèquement vertueux d’un point de vue environnemental (dématérialisation, virtuel…), la prise de conscience de la matérialité sous-jacente du numérique et de ses impacts sur l’environnement est relativement récente », constate l'Ademe.
L'Ademe a publié deux études consacrées à l'impact environnemental du secteur numérique, à l'occasion du GreenTech Forum(1). Elle y souligne entre autres la place croissante des data centers.
6% de la consommation française d'électricité en 2050
En 2020, le secteur numérique « représentait 2,5% de l’empreinte carbone annuelle de la France (équivalent au secteur des déchets) et 10% de sa consommation électrique » selon l'Ademe. Si cette dernière souligne l'importance de faire preuve de davantage de sobriété numérique, les data centers, bâtiments contenant des serveurs dans lesquels sont stockées et traitées une masse grandissante de données, sont souvent au centre de l'attention.
Ces centres de données compteraient actuellement pour environ 42% de l'empreinte carbone du secteur numérique en France (environ 25 Mt de gaz à effet de serre en équivalent CO2 en 2020), selon l'Ademe. La majorité de cette empreinte provient de data centers situés à l'étranger et hébergeant les données d'utilisateurs français.
Et cette empreinte carbone des data centers va s'accroître dans le futur, assure l'Ademe, compte tenu de la hausse attendue du volume de données (+ 20% par an). L'Agence de la transition écologique estime ainsi qu'ils pourraient absorber 6% de la consommation d'électricité en France en 2050 (avec une consommation annuelle avoisinant 35 TWh à cet horizon). Le gestionnaire de réseau RTE estime pour sa part que leur consommation pourrait atteindre entre 23 et 28 TWh dès 2035 (contre environ 10 TWh par an au début de cette décennie 2020).
À l'échelle européenne, les data centers pourraient consommer près 98,5 TWh en 2030 selon l'Agence européenne de l'environnement(2), soit 28% de plus qu'en 2018 (76,8 TWh). Rappelons que l'AIE envisage une croissance beaucoup plus forte au niveau mondial avec une hausse de consommation de plus de 75% en seulement... 2 ans : entre le niveau de 2024 (environ 460 TWh) et celui de 2026 (un peu plus de 800 TWh). Cette croissance accélérée est notamment tirée par le déploiement massif de l'intelligence artificielle.
Des pistes pour réduire l'impact des data centers
L'installation d'un data center sur un territoire doit être anticipée, souligne l'Ademe : elle doit être accompagnée pour anticiper ses impacts et maximiser les bénéfices économiques et énergétique possibles, avec notamment la valorisation de la chaleur « fatale » (énergie thermique produite par un procédé dont elle n’est pas la finalité).
Cette chaleur fatale générée dans les data centers par les serveurs informatiques peut être récupérée pour chauffer des équipements, des bâtiments ou alimenter un réseau de chaleur(3). C'est même une exigence inscrite dans la réglementation européenne pour les data centers de plus de 1MW de puissance installée (à moins que cette utilisation ne soit pas « techniquement ou économiquement viable »). À l'heure actuelle, le potentiel de chaleur fatale récupérable dans les data centers en France est estimé à environ 1 TWh par an, indique l'Ademe.
Plus globalement, « des gains d’efficacité énergétique de plus de 50% sont atteignables dès aujourd’hui » dans les data centers, souligne l'Agence qui détaille les actions permettant de réduire la consommation d'électricité des data centers et in fine leur impact carbone(4) : améliorer l'efficacité énergétique des serveurs ainsi que du système de refroidissement de ceux-ci (en choisissant des modèles avec des plages de fonctionnement en température élargies), limiter la consommation de veille des serveurs(5) (sachant que ceux-ci sont utilisés en moyenne 30% du temps), etc.
Précisons que le PUE (Power Usage Effectiveness) constitue l'indicateur de référence pour mesurer l’efficience d'un data center : il indique le ratio entre l’énergie totale consommée par le data center et l’énergie consommée pour le travail utile, la partie informatique. En France, le PUE moyen des data centers est de 1,7 alors qu'il devrait « tendre vers 1,2, valeur maximale acceptable pour les nouvelles installations », indique l'Ademe.
Les data centers vont représenter une part de plus en plus importante de l’impact environnemental du numérique notamment en raison de la ↗️du volume de données et de l'arrivée massive de l'IA.
➡️Face à ce constat, l’ADEME émet plusieurs recommandations 👉 https://t.co/hiKuYNotfhpic.twitter.com/EnvL9oQ5Od— ADEME (@ademe) November 6, 2024