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L'Autriche a annoncé mardi la mise en place d'une commission pour se sevrer du gaz russe, qui représente toujours 90% de ses importations plus de deux ans après le début de l'invasion de l'Ukraine.
Cette instance sera "chargée d'examiner le contrat de livraison entre Gazprom et le groupe autrichien OMV", prolongé il y a six ans jusqu'en 2040, et d'analyser "les possibilités et les risques" en cas de rétractation, a déclaré à la presse la ministre écologiste de l'Environnement Leonore Gewessler.
"La dépendance au gaz russe demeure une menace pour l'économie et la prospérité", a-t-elle insisté.
En 2018, le chancelier conservateur Sebastian Kurz avait assisté avec le président russe Vladimir Poutine à la signature à Vienne de cet accord censé garantir des prix intéressants, mais dont les clauses n'ont jamais été rendues publiques.
L'Etat est actionnaire minoritaire d'OMV à hauteur de 31,5% et le groupe a toujours fait valoir le droit privé des affaires pour maintenir secrètes ses conditions d'achats.
Mais selon un porte-parole du ministère interrogé par l'AFP, il a finalement accepté après des négociations de laisser la commission consulter le contrat.
Première entreprise occidentale à avoir signé un contrat de livraison avec l'Union soviétique en 1968, OMV assure avoir multiplié ses sources d'approvisionnement depuis le début du conflit.
Pourtant, l'Autriche importait encore en juin 90% de son gaz depuis la Russie, s'attirant les critiques de l'Ukraine.
"La prolongation était une erreur", a estimé la ministre mardi. Elle appelle à davantage de transparence, invoquant le droit européen et la recommandation désormais faite à chaque Etat membre de l'UE de sortir du gaz russe d'ici à 2027.
La commission devra tenter d'expliquer "d'ici à l'automne" si des outils juridiques permettent "d'extraire OMV de ses obligations" envers Gazprom.
Elle entend aussi faire la lumière sur le contexte politique ayant encadré la signature du contrat controversé, malgré l'annexion de la Crimée par Moscou et alors qu'à l'époque, l'Autriche était dirigée par une coalition entre la droite et l'extrême droite, très proche du Kremlin.
Entretemps, les écologistes sont entrés au gouvernement aux côtés des conservateurs, et l'opposition s'étonne que persiste le problème du gaz russe, même si Vienne s'est nettement distancée de Moscou et a pris fait et cause pour Kiev.
Des élections législatives ont lieu fin septembre et les Verts, entrés en campagne, s'émancipent de plus en plus de leurs partenaires du parti ÖVP, prenant des initiatives de leur propre chef.