- AFP
- parue le
La centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) devrait bien redémarrer l'hiver prochain "à titre conservatoire, compte tenu de la situation ukrainienne" et des tensions sur le marché de l'énergie, a confirmé dimanche le ministère de la Transition énergétique.
"Nous nous gardons la possibilité de pouvoir faire fonctionner la centrale de Saint-Avold quelques heures de plus si nous en avons besoin l'hiver prochain", a déclaré le ministère, confirmant une information de RTL.
La décision n'est pas une surprise totale : le gouvernement n'avait pas exclu, lors de la fermeture de la centrale le 31 mars dernier, de la redémarrer ponctuellement pour sécuriser l'approvisionnement du pays en électricité compte tenu du conflit en Ukraine et des déboires rencontrés par le parc nucléaire d'EDF.
Ce redémarrage "s'inscrit dans le plan de fermeture", a redit le ministère qui précise que l'engagement d'Emmanuel Macron de fermer l'ensemble des centrales à charbon en France "demeure inchangé". "Nous resterions, dans tous les cas, en dessous d'1% d'électricité produite par le charbon", assure le ministère, "et aucun charbon russe ne serait utilisé".
En conséquence, "un décret va être mis en consultation pour organiser cette possibilité d'un fonctionnement l'hiver prochain". Il comprendra des "contreparties environnementales" car ce redémarrage doit être neutre pour l'environnement, l'exploitant s'engageant sur "des projets de reforestation par exemple", selon le ministère.
Le gouvernement prévoit aussi d'intégrer des "ajustements législatifs" cet été dans le projet de loi pouvoir d'achat pour que le plan social concernant la centrale ne soit pas annulé, "ce qui montre la résolution du gouvernement à fermer définitivement cette centrale à charbon".
Salariés prêts à revenir
Lors de sa fermeture, 87 salariés travaillaient encore dans la centrale Émile Huchet. La moitié sont depuis partis en retraite. Pour faire tourner la centrale, environ 70 personnes sont nécessaires, selon son directeur Philippe Lenglart qui confiait à l'AFP en mars avoir l'intention de rappeler d'anciens salariés plutôt que de recruter en cas de besoin cet hiver.
Il n'y a qu'une seule autre centrale au charbon encore ouverte dans l'Hexagone, à Cordemais, en Loire-Atlantique.
"Enfin ! On sait depuis quelques mois qu'on va avoir un problème d'approvisionnement énergétique l'hiver prochain, on n'aurait jamais dû laisser GazelEnergie (propriétaire de la centrale, ndlr) arrêter l'installation", a réagi Jean-Pierre Damm, élu au CSE et délégué syndical FO. Selon lui, "une très grande majorité" des salariés seraient prêts à revenir faire fonctionner la centrale un hiver de plus, mais il faudrait que le décret annoncé soit publié rapidement pour permettre les travaux de maintenance et de contrôle réglementaire nécessaires, qui pourraient demander "deux mois dans le meilleur des cas".
En mars dernier, "on a arrêté l'installation avec une mise en sécurité, il n'y a pas eu de démantèlement, on la conserve en plein état fonctionnel si besoin", a expliqué à l'AFP Thomas About, qui travaillait à la centrale de Saint-Avold depuis 2009 et est actuellement en congé de reclassement.
Si l'État décide officiellement de relancer la centrale pour l'hiver prochain et que GazelEnergie demande aux salariés de revenir, "je serai intéressé, avec plaisir, c'est un emploi que j'ai particulièrement affectionné, et en plus, c'est pour répondre à un besoin du pays", a-t-il indiqué.
Une réunion du comité social d'entreprise (CSE) est prévue mercredi.