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Le ministre de l'Économie Eric Lombard a reconnu mercredi "un certain nombre de désaccords" ayant justifié la décision de l'Elysée de congédier vendredi par anticipation le PDG d'EDF Luc Rémont.
28 mois à la tête d'EDF
Sous pression, notamment du RN, sur la stratégie énergétique du pays, le gouvernement a dû s'expliquer mardi et mercredi à l'Assemblée nationale puis au Sénat sur le non-renouvellement à son poste de Luc Rémont, après seulement 28 mois à la tête d'EDF.
"Nous aurions souhaité, conformément au cahier des charges qui lui avait été donné et à l'accord de novembre 2023, qu'il y ait plus de réactivité d'EDF dans la signature de contrats de long terme avec nos grandes entreprises industrielles consommatrices d'énergie", a répondu mercredi Eric Lombard au sénateur LR Jean-Baptiste Blanc.
Les négociations entamées depuis plus d'un an entre EDF et les industriels les plus consommateurs d'énergie ont tourné au bras de fer autour de la question du prix, trop élevé selon ces entreprises qui se disent menacées dans leur survie.
Financement des EPR2
Autre point de divergence, "le financement du nouveau programme nucléaire", selon le ministre. Si l'État a proposé un prêt à taux préférentiel couvrant au moins la moitié de la durée de construction des six réacteurs EPR2 annoncés par Emmanuel Macron en 2022, Luc Rémont souhaitait un autre prêt à taux zéro pendant toute la durée.
"Je considérais avec Marc Ferracci, le ministre chargé de l'Énergie, que nous étions arrivés au terme de cette négociation et ce n'était pas l'avis du président directeur général, ce qui donne deux raisons de ne pas renouveler son mandat d'administrateur", a expliqué Eric Lombard.
"L'explication, en tout cas je vous la donne, elle justifie la décision que nous avons prise", a-t-il dit.
Le ministre, chargé vendredi de signifier à Luc Rémont sa non-reconduction, lui a aussi rendu "hommage" pour avoir "remis effectivement en ordre la capacité de production" nucléaire, après la crise de la corrosion de 2022, et pour "avoir entamé la réorganisation d'EDF".
« Même mandat » pour Bernard Fontana
Pour le futur nouveau PDG choisi par l'Élysée, Bernard Fontana, actuel directeur général du fabricant de chaudières et de combustibles nucléaires Framatome, "le mandat" est "le même", a souligné le locataire de Bercy : "poursuivre" les discussions avec les industriels et la réorganisation pour "finaliser" en 2026 l'accord financier nécessaire pour lancer la construction des réacteurs.
"Pour se donner le maximum de chances de réussir le programme nucléaire, il était pertinent de faire évoluer la gouvernance d'EDF en recourant à un profil industriel très expérimenté", en la personne de Bernard Fontana, crédité d'un bilan positif à Framatome qu'il "a su redresser", a-t-on expliqué mercredi dans l'entourage du Premier ministre.
Aux yeux de l'exécutif, la préférence donnée à un profil industriel et non à un profil commercial pur jus suggère que la dégradation des relations entre EDF et les industriels ces dernières semaines n'a pas été la raison essentielle du départ de Luc Rémont.