« L'ère de l'électricité arrive », souligne l'AIE dans son grand rapport annuel

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Solaire dans le monde en 2024

En 2024, le solaire photovoltaïque a compté pour près de 7% de la production mondiale d'électricité, soit quasiment autant que l'éolien (environ 8% du mix), selon l'AIE. (©FirstSolar)

En 2024, l'électrification du monde s'est accélérée avec un quasi-doublement de la hausse annuelle de la consommation d'électricité par rapport à la moyenne de la dernière décennie, souligne l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son grand rapport annuel publié ce 24 mars.

Consulter le Global Energy Review 2025 de l'AIE (mars 2025).

L'électricité, moteur de la hausse de la demande d'énergie

En 2024, la consommation mondiale d'énergie dans son ensemble a connu une « très forte croissance » (+ 2,2%), deux fois plus rapide que la moyenne annuelle au cours de la dernière décennie (+ 1,3% par an entre 2013 et 2023), a souligné le directeur exécutif de l'AIE Fatih Birol, en préambule de la présentation du Global Energy Review 2025

Cette hausse est entre autres liée à la croissance économique, malgré un « découplage » affirmé entre consommation énergétique et PIB (+ 3,2% au niveau mondial). Fait notable : la hausse de la demande est toujours tirée par les pays émergents mais est également constatée au sein des économies « avancées » : la consommation d'énergie de l'UE a notamment « augmenté pour la première fois depuis 2017 » (hors rebond post-Covid en 2021).

Derrière la hausse de la consommation d'énergie, c'est surtout celle de l'électricité (+ 4,3% en 2024, contre + 2,6% par an en moyenne entre 2010 et 2023) qui est soulignée par l'AIE, Fatih Birol annonçant l'arrivée d'une nouvelle ère avec ce vecteur. En 2024, la demande mondiale d'électricité a atteint 31 153 TWh, augment de presque 1 100 TWh par rapport à 2023, « davantage que la consommation annuelle d'électricité du Japon ».

La progression de l'électricité a été « provoquée par des températures mondiales record, qui ont stimulé la demande de refroidissement dans de nombreux pays, ainsi que par la hausse de la consommation industrielle, l’électrification des transports et la croissance des centres de données et de l’intelligence artificielle », précise l'AIE.

Hausse de la production électrique bas carbone

Côté production, près de 80% de la hausse des besoins d'électricité en 2024 a été satisfaite par les énergies renouvelables et le nucléaire, indique l'AIE. Ces filières bas carbone ont pour la première fois compté l'an dernier pour 40% de la production mondiale d'électricité (32% pour les renouvelables.

Les installations de capacités renouvelables - toutes filières confondues -  dans le monde ont atteint un niveau record... pour la 22e année consécutive, avec 700 GW renouvelables installés en 2024, dont presque 80% de capacités photovoltaïques (PV). 

La filière solaire PV poursuit ainsi sa croissance massive, avec une hausse de 27% des capacités mondiales installées l'an dernier (+ 553 GW) et une hausse de sa production mondiale de 480 TWh. De loin la plus forte progression des différentes filières, devant l'hydroélectricité (+ 190 TWh), l'éolien (+ 180 TWh) et le gaz (+ 171 TWh).

Avec 7 GW de nouvelles capacités mises en service en 2024 (6 tranches dont 2 en Chine, 1 en Inde, 1 aux Émirats arabes unis, 1 aux États-Unis et l'EPR de Flamanville en France), le nucléaire a pour sa part connu, en matière de développement du parc, « sa cinquième meilleure année au cours des 30 dernières années », souligne par ailleurs l'AIE.

Rappelons toutefois que les énergies fossiles ont encore compté pour 58,6% de la production mondiale d'électricité en 2024, le charbon restant - avec une part de 34,5% dans le mix mondial - de loin la principale source (comme c'est le cas « depuis plus de 50 ans »).

Evolution du mix électrique mondial

Des fossiles en retrait ?

L'électrification soulignée par l'AIE intervient alors que la croissance de la demande mondiale de pétrole a dans le même temps « nettement ralenti, conformément aux prévisions de l'AIE », indique l'Agence.

Fait symbolique : la part du pétrole dans l'approvisionnement total énergie au niveau mondial est ainsi « passée sous la barre des 30% pour la première fois, 50 ans après avoir culminé à 46% » (193 EJ sur un total de 648 EJ en 2024).

Les consommations de pétrole et de charbon ont toutefois encore augmenté de 0,8% et 1,2% en 2024 et celle de gaz naturel a connu une croissance bien plus significative (+ 2,7%), aussi bien au sein des pays en développement que dans les économies avancées.

Au total, les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie ont ainsi atteint un nouveau niveau record de 37,8 milliards de tonnes de CO2 en 2024 (+ 0,8% par rapport à 2023). Ce qui amène à nouveau au constat suivant, rappelé par Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire Économie du Climat : « il n’y a pas de chemin vers la neutralité carbone en 2050, sans sobriété dans les usages énergétiques ».

 

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