
Dans les discours sur l'énergie, « la transition énergétique et les tensions géopolitiques sont les principaux sujets désormais traités lorsqu'il est question des écologistes ». (image par Gerd Altmann-Pixabay)
Des chercheurs de l’Université de Toulouse ont étudié plus de 50 000 articles de la presse quotidienne nationale depuis 2000(1) pour montrer l'évolution de l'usage du terme « écologiste ».
Une « place centrale » accordée à la vie politique
Par « écologistes », ce sont principalement les membres de partis (en particulier et sans surprise du parti « Écologistes », anciennement EELV-Les Verts) qui sont aujourd'hui désignés dans les articles des 7 grands titres de la presse nationale étudiés (Le Monde, Le Figaro, Libération, La Croix, L’Humanité, Les Echos et La Tribune).
Au cours des 25 dernières années, les auteurs de l'étude distingue 3 périodes dans l'emploi du terme « écologiste » :
- de 2000 à 2009 : traitement thématique, sur des sujets de société et de problématiques environnementales avec des articles de presse évoquant les acteurs institutionnels, comme les agences nationales ou les ministères, mais aussi ceux issus de la société civile, comme les ONG ;
- de 2010 à 2017 : phase de « rupture » avec une importance croissante du champ politique, pouvant notamment s’expliquer selon le rapport par la tenue des élections présidentielles de 2012 mais aussi « par la part croissante d’élu·es·s écologistes cité·es·s dans les productions médiatiques, ce qui illustre notamment la continuité de la professionnalisation des militant·es·s écologistes » ;
- de 2018 à 2023 : période marquée par une diversification des thématiques abordées, où « la dimension politique s’entremêle avec des sujets plus diversifiés », avec notamment l’intensification de la thématique « violences policières » et l’apparition de la thématique « violences sexistes et sexuelles » (VSS).
Aujourd'hui, la vie politique institutionnelle « occupe une place si centrale dans le discours médiatique qu’elle ne laisse significativement que très peu de place à des figures sortant du cadre professionnel de la politique » (faisant reculer la place réservée aux organisations issues de la société civile). De fait, le changement de nom d'Europe écologie – Les Verts en 2023 conduit le parti à « monopoliser désormais l’appellation écologiste comme dénomination officielle », indique Jules Dilé-Toustou, co-auteur du rapport et maître de conférences en sciences de l’information et la communication à l’Université de Toulouse.
Quel traitement des « écologistes » ?
Les chercheurs se sont également interrogés sur « un potentiel effet de stigmatisation à l’encontre des militant·es·s « écologistes », engagé·es·s dans des mouvements contestataires ou non », compte tenu du recours croissant à des expressions disqualifiantes par des responsables politiques et des présentateurs à la télévision (à l'image de Pascal Praud implorant « la fin de l’écologisme » sur Cnews).
Toutefois et contrairement à cette intuition de départ des chercheurs, le rapport indique qu'« aucun phénomène de stigmatisation des mouvements écologistes contestataires n’est significativement observé dans le traitement médiatique réservé aux écologistes », du moins pour les titres de la presse nationale étudiés. Ce traitement médiatique « diffère peu selon les lignes éditoriales des quotidiens généralistes », précise par ailleurs le rapport.
D’autres études portant sur des termes spécifiques pourraient « apporter davantage d’éclairage à ce sujet », souligne le rapport. Et l’étude d’autres contenus médiatiques (comme les journaux télévisés) pourrait également apporter des éléments de compréhension complémentaires.