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Des groupes de défense de l'environnement qui accusent la Banque mondiale de financer indirectement l'extension d'une centrale électrique à charbon en Indonésie, ont annoncé jeudi avoir introduit un recours.
Des habitants ainsi que plusieurs groupes de défense de l'environnement, représentés par l'ONG Inclusive Development International, ont saisi un organe de contrôle de International Finance Corporation (IFC), la branche qui finance les investissements privés de la Banque mondiale. Malgré les protestations de mouvements de protection de l'environnement, les autorités indonésiennes ont prévu d'agrandir encore la centrale de Suralaya, située à une centaine de km de Jakarta, pour la porter au total à dix unités, contre huit actuellement.
Les deux nouvelles unités, Java 9 et 10 "devraient causer des milliers de morts prématurées et contribuer à l'émission de plus de 250 millions de tonnes de CO2 dans l'atmosphère", a estimé Inclusive Development International.
L'extension programmée de cette centrale intervient alors que l'Indonésie, où la production électrique repose en grande partie sur des centrales à charbon, dont le pays est un gros producteur, s'est engagée à ne plus construire de nouvelles centrales à charbon à partir de 2023 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Le coût de l'extension de la centrale de Suralaya est estimé à 3,5 milliards de dollars US (3,26 mds EUR), dont 2 mds USD financés par des fonds publics sud-coréens et le solde par des banques. Selon le recours déposé par les ONG, IFC a fourni un investissement de 15,36 millions de dollars (14,3 M EUR) en 2019 à la filiale indonésienne de la banque sud-coréenne Hana Bank, l'un des organismes ayant financé la centrale.
Cette aide de IFC, dont le détail est précisé sur son site internet, est intervenue malgré un accord conclu l'an passé lors du G20 à Bali et prévoyant une aide de 20 mds USD (18,6 mds EUR) à l'Indonésie, gros producteur et consommateur, afin de sortir du charbon d'ici 2050.
IFC avait indiqué précédemment qu'elle financerait des clients ayant des projets liés au charbon si ceux-ci avaient mis en place une stratégie de sortie de tels investissements. En avril, l'organisme avait indiqué qu'il cesserait de permettre à ses clients de lancer ou financer des projets liés au charbon.
Sollicités par l'AFP, la Banque mondiale, IFC et Hana Bank Indonesia n'ont pas réagi dans l'immédiat.
Selon des chiffres du Centre de recherche sur l'énergie et l'air propre (CREA), basé en la Finlande, la centrale de Suralaya représente pour l'Indonésie un coût de 1 md USD par an (931 M EUR) en raison des frais médicaux, des absences au travail et du nombre de décès évitables.
Début août, la capitale Jakarta, une conurbation d'environ 30 millions d'habitants, a été la ville la plus polluée au monde pendant quatre jours, selon la société de surveillance de la qualité de l'air IQAir basée en Suisse. Des pics de pollution ont également été atteints fin août.