- Source : IFP Énergies nouvelles / Iris
Hors grandes installations hydrauliques(1), les énergies renouvelables ont compté pour 12,1% de la production électrique mondiale en 2017 (contre 38% pour le charbon). Leur déploiement à plus grande échelle devrait rendre « la géopolitique de l’énergie bien plus complexe que celle liée aux seuls hydrocarbures »(2) selon une nouvelle étude que viennent de publier conjointement IFP Énergies nouvelles et l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris)(3).
Si la « transition énergétique » pourrait, « au premier abord », permettre de « s’émanciper des enjeux géopolitiques traditionnels de l’énergie » et des tensions associées, il est rappelé qu’une dépendance à de nouvelles ressources (métaux stratégiques, matériaux de structure, etc.) pourrait se substituer aux dépendances traditionnelles aux ressources fossiles. Il est à ce sujet souvent fait référence à la « criticité » du lithium ou aux terres rares mais la présente analyse rappelle que la transition énergétique aura également des conséquences majeures sur les marchés de nombreux métaux comme l’aluminium, le cuivre ou le nickel. Elle indique entre autres que la construction d’une éolienne terrestre de 2 MW consommerait en moyenne à elle seule près de 1,55 tonne de cuivre (à laquelle s’ajouterait une consommation de près de 800 kg d’aluminium et de 530 kg de nickel pour le raccordement de l’installation au réseau)(4).
Cette étude rappelle par ailleurs l’importance centrale des droits de propriété intellectuelle sur les innovations bas carbone : « la propension d’un pays à ratifier un accord international ambitieux portant sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre sera […] d’autant plus forte que celui-ci disposera d’actifs technologiques importants ». À ce titre, la question sensible des « transferts de technologies » s’avère un enjeu majeur dans les négociations climatiques.
Il est enfin rappelé que les prix des énergies fossiles ont un impact important sur le développement des filières renouvelables (et de l’innovation dans de nouvelles technologies). Les producteurs d’hydrocarbures devraient ainsi continuer à jouer un « rôle clé dans le rythme et les modalités de la transition énergétique ». Notons par ailleurs que l’évolution de la consommation énergétique s’inscrit actuellement en grande partie dans un « schéma additif dans lequel de nouvelles sources primaires (installations renouvelables notamment) viennent s’ajouter à celles préexistantes, sans s’y substituer ».
Les dépenses de R&D consacrées aux énergies renouvelables évoluent en partie en fonction des grands événements géopolitiques et énergétiques comme les chocs pétroliers des années 1970 ou l’accident de Tchernobyl en 1986. (©Connaissance des Énergies, d’après IFPEN/Iris)
Sources / Notes
- Installations de plus de 50 MW de puissance.
- Le terme « géopolitique des énergies renouvelables » est encore « peu usité » selon cette analyse malgré les travaux développés à ce sujet par certains auteurs (en particulier Criekemans, Hache et Scholten) au cours des dernières années.
- L’étude a été réalisée dans le cadre du projet ANR GENERATE (Géopolitique des énergies renouvelables et analyse prospective de la transition énergétique) par Clément Bonnet, Emmanuel Hache, Gondia Sokhna Seck, Marine Simoën (IFP Énergies nouvelles) et Samuel Carcanague (Iris).
- Précisons que ces données d’EcoInvent remontent à 2012.