Directeur de l’agence de conseil en développement durable Transitions
Ancien directeur exécutif de Greenpeace France
La réduction drastique de la consommation d’énergie finale est au cœur de la transition. Cet objectif n’a pas été posé par hasard. C’est à cette seule condition que nous atteindrons, d’ici 2050, le facteur 4 sur lequel la France est engagée. L’objectif est ambitieux, certes, mais il est réaliste et désirable. Il nécessite de combiner l’action technique à court terme et des changements structurels de long terme. Cette mutation doit d’abord s’attaquer aux deux secteurs les plus consommateurs : bâti et transports.
La rénovation des logements pour réduire de 350 à 80 kWh / m2 / an la consommation moyenne est techniquement possible. Elle n’est pas simple à organiser. Elle nécessite de lever un point de blocage majeur : l’interdiction faite aux collectivités d’intervenir comme tiers financeur, qui empêche le déploiement de ce mécanisme dont on sait qu’il permet de contrer la réticence à l’investissement des propriétaires. Ce blocage peut être levé par un seul amendement au projet de loi. L’instauration des guichets uniques de la rénovation permettra alors de faciliter le parcours des demandeurs de travaux, qui trop souvent abandonnent en route face à la multiplicité des acteurs et des formalités. La formation des artisans pour qu’ils progressent est aussi nécessaire pour qu’ils puissent absorber le volume de travaux qu’apportera le traitement de 500 000 logements par an.
Au-delà, il convient de repenser la conception des villes et des constructions, imaginer des logements modulables et des bâtiments multifonctions pour mieux utiliser l’espace et, au final, construire moins.Cette nouvelle urbanisation contribuera aussi à réduire les déplacements contraints, en rapprochant, en tendance, lieux de résidence et de travail. Cette évolution structurelle permettra de transformer plus aisément l’offre de mobilité pour mieux répon-dre à une demande maîtrisée.
Trois pistes doivent être suivies. Tout d’abord développer les transports collectifs – train et bus – en adaptant l’offre à la fréquentation. Ainsi en zone périurbaine, les bus sont plus faciles et moins chers à développer que les tramways. Ensuite, privilégier les mobilités actives : le vélo est un mode performant pour des trajets de moins de 8 km. La marche à pied l’est pour faire moins de 1,5 km. Enfin,
travailler sur la motorisation autour de 2 options : l’électrique pour les usages urbains et périurbains de véhicules partagés ; le gaz (GNV) pour les longues distances, les grandes périphéries urbaines (qui devraient progressivement disparaître) et les zones rurales. Le choix de l’électricité et du gaz est motivé par le fait que ces vecteurs peuvent être d’origine renouvelable.
Bien sûr, il faut aussi rechercher une plus grande efficacité énergétique dans l’agriculture et l’industrie, par exemple en repérant les pertes d’énergie fatale pour les valoriser au mieux. Mais c’est surtout en adoptant une consommation plus responsable de biens et de services que nous atteindrons la division par 2 recherchée. Lutte contre le gaspillage, circuits courts, réutilisation et recyclage des équipements et des matières sont les leviers que nous pouvons activer au quotidien. C’est par la coopération que nous gagnerons en efficacité collective et que nous pourrons maintenir un confort de vie satisfaisant, tout en consommant moins d’énergie, d’eau et de matière. C’est par la collaboration que nous pourrons reconstruire le lien social et que nous réinventerons ainsi le vivre ensemble !