Les porteurs du projet « Power Link Islands » envisagent le déploiement d’une dizaine de milliers d’éoliennes offshore dans la zone du Dogger Bank à l’horizon 2050. (©Energinet)
Les gestionnaires de réseaux de transport d’électricité Energinet (Danemark) et TenneT (Pays-Bas/Allemagne) ont signé fin mars 2017 un protocole d’accord pour développer des îles artificielles en mer du Nord baptisées « Power Link Islands ». Celles-ci serviraient de « hub » par lequel transiterait la future production éolienne offshore de cette zone. Explications.
Des îles de 6 km2 pour centraliser la production éolienne du Dogger Bank
Dans le cadre du projet « Power Link Islands », Energinet et TenneT prévoient de construire une ou plusieurs îles artificielles de près de 6 km2 chacune par lesquelles transiterait toute la production éolienne offshore de la zone du Dogger Bank, un grand banc de sable situé à une centaine de kilomètres à l’est de l’Angleterre et à près de 130 km au sud-ouest du Danemark.
Les faibles profondeurs d’eau (de l’ordre de 15 à 60 m) et les vents forts et réguliers soufflant dans cette zone en font un site privilégié pour l’implantation d’éoliennes offshore. Le consortium Forewind (constitué des énergéticiens allemand Inegy, britannique SSE et norvégien Statoil)(1) prévoit d’y déployer 4 parcs de 200 éoliennes d’une puissance cumulée avoisinant 4 800 MW. Chaque parc de 1 200 MW pourrait produire plus de 4 TWh par an (avec un facteur de charge de 40%)(2), soit l’équivalent de la consommation d’électricité de près d’un million de foyers britanniques selon Forewind.
Reste à acheminer l’électricité jusqu’aux côtes, un chantier très coûteux. Pour les gestionnaires de réseaux Energinet et TenneT, des îles permettraient de réduire les coûts de raccordement en « centralisant » la production d’électricité éolienne avant qu’elle soit acheminée jusqu’aux côtes par courant continu. Cette centralisation de la production permettrait de mutualiser les coûts de construction des lignes électriques sous-marines selon Energinet et de « réaliser de la sorte d’importantes économies d’échelle ».
Il est prévu de relier les Power Link Islands aux réseaux électriques de 6 pays (Allemagne, Belgique, Danemark, Norvège, Pays-Bas et Royaume-Uni), les câbles mis en place pouvant servir d’interconnexions entre ces différents réseaux nationaux.
Des précisions en matière de coûts, et une première île en 2035 ?
Les gestionnaires de réseaux de transport misent sur un développement de 70 000 à 100 000 MW de capacités éoliennes offshore dans la zone du Dogger Bank à l’horizon 2050. Avec un facteur de charge potentiel de 40%, de telles capacités pourraient produire de l’ordre de 250 à 350 TWh par an, soit presque 10 fois la production électrique annuelle du Danemark.
Energinet annonce ainsi envisager de satisfaire potentiellement la consommation électrique de 70 à 100 millions d’Européens grâce à cet approvisionnement à l’horizon 2050. Cette perspective de développement reste toutefois incertaine à l’heure actuelle alors qu’aucun parc éolien n’est encore en service dans le Dogger Bank. Le consortium en charge des Power Link Islands (qui espère associer de nouveaux gestionnaires de réseaux au projet) doit désormais réaliser des études sur les aspects techniques, environnementaux ou encore réglementaires de ce projet.
Les conditions économiques d’implantation des Power Link Islands seront au cœur des préoccupations des gestionnaires de réseaux impliqués dans le projet durant les prochaines années. Pour l’heure, le consortium ne communique que sur le coût estimé d’une île (de l’ordre de 1,5 milliard d’euros) sans apporter de détails sur celui du raccordement au réseau, c’est-à-dire sur la finalité du projet. L’évolution des coûts de production de l’éolien offshore conditionneront également le déploiement de nouveaux parcs (les industriels souhaitent passer en-dessous de la barre des 100 €/MWh à l’horizon 2020). Energinet précise se fixer pour objectif de développer une ou plusieurs îles à l’horizon 2035.
Localisation du Dogger Bank et interconnexions envisageables avec une « Power Link Island » à l'horizon 2035 (©Connaissance des Énergies)