La centrale Akademik Lomonosov doit être remorquée à une vitesse moyenne de 3,5 à 4,5 nœuds. (©Rosatom)
Une centrale nucléaire flottante de Rosatom a quitté Saint-Pétersbourg le 28 avril(1). Elle doit être remorquée jusqu’en Sibérie orientale l’an prochain. Présentation.
Un remorquage en deux étapes
Construite sur les chantiers navals de la Baltique à Saint-Pétersbourg, la centrale nucléaire flottante de Rosatom, baptisée « Akademik Lomonosov » (en hommage à un scientifique russe du XVIIIe siècle) est composée de deux réacteurs nucléaires de 35 MW de puissance chacun (réacteurs KLT-40C). Ces réacteurs sont globalement « analogues à ceux utilisés sur les brise-glaces à propulsion nucléaire Taimyr et Vaigach », malgré « quelques modifications dans la composition », précise Rosatom.
Le navire contenant les réacteurs nucléaires mesure 144,4 mètres de long et 30 mètres de large et peut accueillir un équipage de 69 personnes à son bord. Ne se propulsant pas de façon autonome, il sera remorqué dans un premier temps jusqu’à Mourmansk, sur les rives de la mer de Barents.
Le combustible nucléaire y sera chargé dans les deux réacteurs sur la base d’Atomflot (société russe qui gère les brise-glaces à propulsion nucléaire) et les premiers tests de criticité pourraient être effectués « au cours de l’automne 2018 » selon Rosatom.
La centrale Akademik Lomonosov sera par la suite à nouveau remorquée jusqu’en Sibérie orientale, où elle sera connectée à l’infrastructure portuaire de Pevek (ville du district autonome de Tchoukotka). Elle a vocation à se substituer à la centrale au charbon de Chaunskaya et à la centrale nucléaire de Bilibino (48 MW), qui ont été respectivement construites en 1961 et 1974 dans cette zone.
D’autres projets de centrales nucléaires flottantes
La centrale flottante Akademik Lomonosov doit être exploitée pour une durée de 40 ans, avec une possible prolongation jusqu’à 50 ans. Elle est censée pouvoir fournir suffisamment d’électricité et de chaleur pour couvrir « l’activité d’une ville de 100 000 habitants ». Dans les faits, une grande partie de l’électricité produite par cette centrale sera consacrée à « des opérations d’extraction de de transformation d’hydrocarbures ».
Les concepteurs de cette centrale flottante vantent sa flexibilité (suivi de charge) et assurent qu’elle correspond aux plus hauts standards de sûreté, alors qu’elle fait l’objet d’une forte opposition des associations anti-nucléaires(2).
Rosatom précise que cette centrale « reste un prototype » et estime qu’il sera possible à l’avenir de réduire de 40% à 50% les délais et les coûts de construction de nouveaux modèles (la conception et les tests de remorquage ont duré une décennie, de 2007 à 2017). Notons que d’autres projets de centrales nucléaires flottantes sont en cours ou à l’étude, notamment en Chine (ACPR50S de CGN(3)) ou en Amérique du Nord (et même en France avec le projet Flexblue).
La Russie, qui exploite actuellement 37 réacteurs nucléaires terrestres sur son territoire(4), prévoit de commencer la construction d’une autre centrale nucléaire flottante dès 2019 et envisage de réduire la taille et d'augmenter la puissance de ces réacteurs flottants à moyen terme.
La centrale Akademik Lomonosov a un tirant d'eau de 5,6 m. (©Rosatom)