Un signe parmi d'autres de l'immense communauté autour de Taylor Swift : des voyages thématiques sont désomais organisés autour de l'artiste. Une croisière au départ des Bahamas pourrait notamment être lancée cette année pour les « swifties ».(©Pixabay-Bymeans)
Taylor Swift, comme sa tournée mondiale « The Eras Tour » débutée il y a un an, fait l'objet de tous les superlatifs. Jugez plutôt : 152 concerts (dont plusieurs début mai à Paris et début juin à Lyon)(1) rencontrant un succès colossal, un impact économique local souvent commenté, une influence potentielle sur l'élection présidentielle américaine de fin d'année(2)...
La plateforme Greenly, spécialisée dans les bilans carbone, a cherché quant à elle à « dresser le bilan le plus objectif possible » lié à cette tournée hors normes.
Transports : jet privé et spectateurs prêts à de longs trajets...
Déplacements de Taylor Swift : 139,1 t CO2e à date
Pour une tournée mondiale, le poste transports interpelle assez naturellement en premier lieu. Au moment de l'estimation de Greenly, Taylor Swift disposait de 2 jets privés (Falcon 7X et 900LX de Dassault(2)), « l'un étant utilisé pour aller aux concerts et en revenir, et l’autre est utilisé comme base à Nashville, où l’entreprise de Taylor Swift est enregistrée ».
Au cours des deux premières étapes du Eras Tour de Taylor Swift (américaine et sud-américaine), l'artiste a parcouru 106 996 km en jet, pour un total d’émissions de 139,1 tonnes de CO2. Soit l'équivalent de l'empreinte carbone annuelle de plus de 17 Français(3).
Considérant le fait que la tournée mondiale de Taylor Swift est encore loin d'être achevée, Greenly annonce une « facture carbone salée » en matière de déplacements.
Déplacements des « Swifties »
Si l'impact des déplacements de l'artiste est prévisible, celui de ses fans (les « Swifties ») surprendra davantage les personnes suivant de loin le phénomène. Greenly rappelle notamment qu'« Air New Zealand a pris la décision de proposer plus de liaisons entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, spécifiquement à l’occasion du Eras Tour » (les seules dates de l'artiste en Océanie ayant lieu à Melbourne et Sydney).
Sur un échantillon de 143 « Swifties » devant assister aux concerts des 2 et 3 juins prochains à Lyon, 31,5 % ont indiqué s'y rendre en avion. Sans pouvoir généraliser cette donnée à partir d'un faible échantillon, Greenly souligne que si « environ un tiers d’un stade de 50 000 personnes effectue un trajet de 500 km seulement en avion, ce serait environ 2 000 t CO2e émis ». Soit l'équivalent de l'empreinte carbone annuelle d'environ 250 Français.
Calculer son bilan carbone personnel.
2 autres exemples pesant sur le bilan carbone
Consommation d'électricité lié aux sites de réservation
Greenly rappelle que plus de 900 000 personnes en France se sont connectées à leurs ordinateurs en juillet 2023 pour tenter d'obtenir un billet pour une date parisienne de Taylor Swift.
En considérant que lesdites personnes ont passé au minimum 2 heures pour obtenir (ou non) un billet, Greenly estime à environ 90 MWh l'électricité consommée par les Swifties pour tenter d'obtenir un billet pour une représentation parisienne. Soit quasiment l'équivalent de la consommation annuelle électrique de 20 foyers en France.
Impact « considérable » des goodies
Greenly qualifie de « considérable » l'empreinte carbone lié aux goodies imputables à Taylor Swift (dont les ventes auraient avoisiné 200 millions de dollars en 2023).
En supposant que la moitié des spectateurs d’un stade de 50 000 personnes achètent un t-shirt de Taylor Swift (ou d'un autre artiste réunissant un public aussi large), « cela équivaudrait à 130 000 kilogrammes de CO2 ». En extrapolant cette supposition - certes élevée - sur les 152 spectacles du Eras Tour, « on compterait donc 19 760 000 kilogrammes de CO2 ». Soit l'empreinte carbone annuelle de presque 2 500 Français.
Mesures de l'artiste et recommandations de Greenly
Achat de crédits carbone, un pis-aller ?
Sans surprise, Taylor Swift n’est, comme sur de nombreux autres sujets, « pas épargnée sur le volet de son impact écologique » (notamment avec un suivi de ses jets privés utilisés de manière excessive).
L'artiste a acheté des crédits carbone pour compenser les émissions de sa tournée mais Greenly juge la communication à ce sujet insuffisante et, dans le même temps, potentielle « contre-productive » car elle pourrait sous-entendre que l'achat de ces crédits carbone suffise à régler le problème (or, les émissions ne sont pas annulées).
Repenser ses transports
Si Taylor Swift n'est « ni étrangère à la philanthropie, ni totalement sourde aux désastres climatiques », Greenly appelle l'artiste à repenser certains aspects de sa tournée, à commencer par ses déplacements (en limitant le recours à son jet privé ainsi que les allers-retours entre son lieu de résidence et les villes où ont lieu les concerts).
En février 2024, « Taylor Swift a quitté Tokyo pour revenir à temps pour le Super Bowl LVIII à Las Vegas le 12 février. Moins de 48 heures plus tard, elle a fait demi-tour pour reprendre le Eras Tour en Australie », souligne notamment le rapport.
Plus généralement, Greenly souligne que Taylor Swift « dispose à présent d’un véritable empire qui se pliera à sa volonté » et a à ce titre une responsabilité et un pouvoir pour agir sur ce sujet.
« Impact environnemental du Eras Tour et pistes de réflexion », Greenly (mars 2024)