Le SeaBubble ne ressemble à rien de ce que vous connaissez. Et pourtant, vous pourriez bientôt vous déplacer à bord sur la Seine...(©SeaBubble)
En juin 2016, des premiers essais publics du « Sea Bubble » devraient avoir lieu sur la Seine. Conçu par le navigateur français Alain Thébault, ce moyen de transport électrique en forme d’œuf pourrait permettre de voguer « au-dessus » du fleuve. Présentation de ce véhicule insolite.
Du voilier volant au SeaBubble
En 2005, Alain Thébault bat le record de vitesse de traversée de la Manche à la voile sur l’Hydroptère(1), un voilier « volant » : des ailes profilées immergées dans l’eau avec un angle de 45 degrés (« foils ») génèrent une poussée vers le haut et soulèvent ainsi le navire à partir d’une vitesse de 10 nœuds (la coque se déplace alors cinq mètres au-dessus de la surface de l’eau). L’exploitation du principe de « portance » permet au navire de rencontrer une moins forte résistance, seule une surface de 2,5 m2 restant en contact avec l’eau. En 10 secondes, la vitesse de l’Hydroptère peut ainsi passer de 20 à 45 nœuds (soit de 37 km/h à 83 km/h)
Près d’une décennie plus tard, l’Hydroptère a servi de base pour constituer un moyen de transport citadin futuriste. Il ne s’agit plus dans ce cas d’atteindre des vitesses record sur l’eau mais de permettre à des particuliers de circuler sur des voies navigables avec une faible empreinte environnementale.
C’est ainsi qu’est né le « Sea Bubble », un véhicule en forme de bulle, de taille similaire à la Zoé de Renault, capable de transporter 4 personnes (incluant le chauffeur) au-dessus de l’eau. Tout comme l’Hydroptère, « des ailes immergées développent une portance qui croit avec le carré de la vitesse et soulèvent l’engin », précise Alain Thébault, le concepteur des SeaBubbles. En revanche, ces dernières ne sont plus propulsées par des ailes comme le voilier mais par un petit moteur électrique(2).
En 2009, l'Hydroptère a battu le record de vitesse à la voile sur 500 mètres et atteint une pointe de 55,5 noeuds, soit plus de 100 km/h. (©Paul Bessereau-Hydroptère)
Des bulles accessibles et sans vagues
Avec sa motorisation électrique, le SeaBubble ne générera pas d’émissions de gaz à effet de serre (en circulation), sous réserve que la production de l’électricité en amont soit elle-même décarbonée. Cette motorisation a fait l’objet de « beaucoup d’innovations » mais ses caractéristiques restent confidentielles à l’heure actuelle.
Des batteries électriques déjà existantes seront intégrées au SeaBubble (Renault-Nissan est actuellement privilégié pour fournir ces batteries) avec une autonomie envisagée de « plusieurs heures ». Ces batteries pourraient être rechargées grâce à des panneaux photovoltaïques intégrés à ces bulles ou à partir d’un réseau de bornes de recharge.
Alain Thébault qui se présente comme un « paysan du high tech » a privilégié avant tout la facilité d'usage de ce véhicule : il a été conçu pour être parfaitement stable et les phase d’embarquement et de débarquement devraient être aussi aisées que « lorsqu’on monte dans le métro et non pas lorsque l’on embarque sur un Zodiac », précise-t-il.
Après « décollage », ces bulles silencieuses auront une trainée dans l’eau 40% inférieure à celle de navires classiques tout en générant très peu de vagues (qui sont susceptibles de creuser les berges). Et pour que leur empreinte soit aussi légère que leur trainée, elles seront construites à partir de matériaux biodégradables en fibre de lin...
Vers une flotte de Paris à San Francisco
Les Sea Bubbles ont vocation à être déployés partout où il est possible de se déplacer sur des voies navigables. De très nombreuses villes ont déjà fait part de leur intérêt en Europe (Paris, Londres, Monaco, Hambourg, Genève, Séville, Stockholm, etc.) et ailleurs dans le monde (Los Angeles, San Francisco, Seattle, Miami, New York, Hong Kong, Tokyo, Moscou ou encore Saint-Pétersbourg).
Ce véhicule écologique sera adapté en fonction des limites et règles de navigation dans chaque ville : à Paris ou Londres, il est par exemple prévu que la vitesse maximale des SeaBubbles soit bridée à 10 nœuds (soit près de 18 km/h) avec un « décollage » à 6 nœuds. A Genève et San Francisco, ils pourront en revanche atteindre une vitesse de 30 nœuds et décoller à partir de 10 nœuds. Entre ces deux configurations, « l’œuf sera identique » mais la surface des ailes variera, augmentant dans le cas des modèles devant décoller à plus faible vitesse comme à Paris.
Plusieurs voies s’ouvrent aujourd’hui aux SeaBubbles : ils pourront faire l’objet d’un système d’auto-partage similaire à celui des Autolib’ mais aussi être commercialisés directement auprès des particuliers (à un coût actuellement estimé à « 25 000 à 30 000 euros »). Alain Thébault travaille même sur un modèle de 20 places qui pourrait être utilisé comme moyen de transport collectif dans le futur.
A l’heure actuelle, deux prototypes sont en cours de construction. Après les tests qui commenceront dans 2 mois, il est prévu de démarrer en septembre 2016 la construction de pré-séries de plusieurs dizaines de bulles. D’ici à 2018, Alain Thébault espère voir 4 000 à 5 000 de ces bulles écologiques en circulation partout dans le monde.
Deux grandes maisons de couture ont déjà fait part de leur intention de commander des modèles de luxe du Sea Bubble. (©SeaBubble)