Raffinage pétrolier : quelles perspectives dans les années à venir ?

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Raffinerie aux États-Unis

Raffinerie aux États-Unis (©Marathon Petroleum Corporation)

« Avec les récents changements structurels sur les marchés mondiaux du pétrole en réaction à la pandémie de Covid19, à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et aux perturbations du transport maritime dans la mer Rouge, l’intérêt grandit pour les capacités de raffinage pouvant entrer en service dans les prochaines années pour répondre à la demande croissante », indique l'EIA américaine (Energy Information Administration) dans un rapport publié ce 22 août.

Outlook on global refining to 2028 (EIA, août 2024).

De nombreuses incertitudes

En 2023, les capacités mondiales de raffinage avoisinaient 103,5 millions de barils par jour (Mb/j). L'EIA estime que les nouvelles raffineries susceptibles d'être mises en service entre 2024 et 2028 pourraient ajouter « entre 2,6 Mb/j et 4,9 Mb/j » de capacités supplémentaires.

L'essentiel de ces nouvelles capacités de raffinage seront mises en service dans la région Asie-Pacifique (principalement en Chine et en Inde) et au Moyen-Orient, précise l'EIA.

Mais le développement des nouvelles raffineries est soumis à de nombreuses incertitudes, rappelle l'agence américaine : « des projets sont régulièrement retardés en raison de problèmes de financement, d’accords d’approvisionnement en pétrole brut, de logistique, de tests, de stockage et d’autres facteurs qui compliquent le démarrage de nouvelles installations ».

L'EIA ne prend pas en compte dans son analyse les raffineries qui pourraient fermer d'ici 2028 mais mentionne « un risque plus élevé de fermetures sur le marché concurrentiel du Bassin atlantique et parmi les raffineries indépendantes les plus petites en Chine ».

Une croissance portée par la Chine et l'Inde

Dans son dernier Short-Term Energy Outlook d'août 2024, l'EIA prévoit pour l'année 2024 un niveau moyen de consommation de produits pétroliers et de carburants liquides de 103 Mb/j au niveau mondial. Cette consommation pourrait atteindre 105 Mb/j à l'horizon 2028, d'après les prévisions de l'agence.

Cette croissance mondiale devrait être portée par l'Inde, la Chine (où seront mises en service l'essentiel des nouvelles capacités de raffinage(1)) et les pays en voie de développement.

En 2000, près de 45% des capacités mondiales de raffinage étaient situées aux États-Unis, en Europe de l'Ouest ou au Japon. En 2023, cette part s'est réduite à environ 34%, un niveau similaire aux capacités cumulées des raffineries situées en Chine, en Inde et au Moyen-Orient.

Quid de l'origine du pétrole brut alimentant ces nouvelles raffineries ? L'EIA mise sur une poursuite de la stratégie de limitation de la production au sein de l'OPEP+ et estime à ce titre que la croissance de la production mondiale de pétrole brut sera portée par d'autres pays, à commencer par les États-Unis, le Canada, le Brésil et le Guyana, dont la production excédentaire « alimentera les nouvelles raffineries en Chine ou en Inde ». 

Pour rappel, la France compte pour sa part 8 raffineries de pétrole, dont 7 situées en métropole et une en Martinique. La capacité de raffinage cumulée de ces sites s’élève à près de 63 millions de tonnes (Mt) de pétrole brut par an, soit l’équivalent de plus de 1,2 million de barils par jour.

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Sources / Notes

  1. L'essentiel des nouvelles capacités de raffinage dans le monde seront mises en service dans la région Asie-Pacifique (principalement en Chine et en Inde) et au Moyen-Orient, précise l'EIA.

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