Le Polar Pod est est inspiré d'une plateforme océanographique américaine : le « FLIP ». (©7e continent, Jean-Louis Étienne Polar Pod, Capture d’écran Vimeo)
L’océan Austral reste méconnu alors même qu’il couvre 30% de la surface océanique mondiale. L’explorateur Jean-Louis Etienne a officiellement présenté le 16 mars une nouvelle expédition dans cet océan encerclant le continent antarctique(1), à bord d’un navire « vertical » autonome en énergie. Présentation.
Un navire « vertical » autonome en énergie
La future expédition océanographique de Jean-Louis Etienne, baptisée « Polar Pod » (du nom du navire du projet) visera à améliorer les connaissances sur l’océan Austral, avec un double objet de recherche : le climat et la biodiversité. Elle doit en particulier permettre de « mesurer l’absorption du CO2 avec une grande précision » dans l’océan encerclant l’Antarctique qui est considéré comme le principal puits de carbone océanique de la planète(2).
Ces mesures et de nombreuses autres recherches (dynamique des vagues, inventaire de la faune marine par acoustique, etc.) seront effectuées depuis le Polar Pod, une plateforme de 100 m de longueur, ou plutôt de hauteur puisqu’elle sera en position verticale, avec un tirant d’eau de 75 m. La structure, d’un poids total de 1 000 tonnes (en charge), disposera d’un ballast de fond de 150 tonnes pour assurer sa stabilité dans les conditions de houle et de vent extrêmes de l’océan Austral(3). Ce navire pourra héberger 8 personnes à bord(4), avec 6 mois d’autonomie.
Dépourvu de motorisation, le Polar Pod suivra les flux du courant circumpolaire antarctique. Il sera ainsi autonome en énergie, une prouesse pour un navire océanographique(5) : L’électricité nécessaire à bord (équipements scientifiques et de télécommunication, éclairage, informatique, dessalement d’eau de mer, etc.) doit être fournie par 6 petites éoliennes Kingspan de 3,2 kW de puissance unitaire et par des cellules photovoltaïques.
Près de 100 kWh d’électricité pourront être stockés au sein de deux packs de batteries lithium-ion. La structure disposera d’une isolation quasi parfaite qui permettra d’éviter les dépenses de chauffage au sein du Polar Pod.
Un « tour du monde » entre le 50e et le 55e parallèle sud
En suivant le courant circumpolaire antarctique, le Polar Pod devrait faire en près de 2 ans un « tour du monde » (de 24 000 km) entre le 50e et le 55e parallèle sud. Sa vitesse moyenne de déplacement devrait avoisiner 1 nœud selon Jean-Louis Etienne (soit 1,8 km/h). Un propulseur transversal situé 10 m sous la flottaison permettra d’infléchir le cap du Polar Pod pour notamment s’éloigner des icebergs.
Des essais sur maquette ont déjà été réalisés au bassin à vague de l’Ifremer à Brest et au sein de l’École Centrale de Nantes. Selon le calendrier actuel, le Polar Pod pourrait être construit à partir de début 2022, en vue d’une mise à l’eau en mai 2023 et d'un départ pour l’océan Austral au dernier trimestre 2023.
Le projet Polar Pod réunit 43 institutions scientifiques de 12 pays différents. Toutes les données collectées par le navire seront mise à la disposition de la communauté scientifique internationale ainsi qu’au grand public avec une forte vocation pédagogique. Il sera en outre possible de « virtuellement embarquer à bord du Polar Pod et de partager la vie à bord grâce à des masques à réalité virtuelle ».