©Vinci-Richard Nourry
Le Premier ministre Jean Castex a présenté le 3 septembre le plan de relance(1) qui a vocation à accélérer la reprise de l’activité à court terme, tout en commençant à « bâtir la France de 2030 ». La transition « écologique » y occupe une place importante.
30 milliards d’euros pour le volet « écologie »
Le plan de relance prévoit 100 milliards d’euros de dépenses sur deux ans (2021-2022)(2). Ces sommes proviendront à 40% de l’Union européenne qui propose aux États membres des fonds « mobilisables jusqu’en 2026 et remboursables jusqu’en 2058 ».
Ce plan de relance - « une relance verte » - a été découpé en 3 grands volets(3) dont « l’écologie », à laquelle est consacrée une enveloppe de 30 milliards d’euros(4). Ce volet écologique englobe de nombreuses thématiques : rénovation énergétique, hydrogène « vert », nouvelles mobilités, économie circulaire, décarbonation de l’industrie, transition agricole, etc.
Bâtiments : priorité à la rénovation énergétique
En France, les bâtiments (des secteurs résidentiel et tertiaire) comptent pour plus de 40% de la consommation finale d’énergie(5) et près d’un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre(6). Dans les logements, les deux tiers de la consommation d’énergie sont consacrés au chauffage(7).
La rénovation énergétique est régulièrement présentée comme un chantier prioritaire. Sur cette thématique, le plan de relance(8) prévoit entre autres :
- 4 milliards d’euros d’investissements dans les bâtiments publics de l’État(9) (dont 300 millions d’euros délégués aux Régions) ;
- 2 milliards d’euros d'augmentation du budget prévisionnel de« MaPrimeRénov’ », dispositif d'aide à la rénovation énergétique des bâtiments privés(10) ;
- 500 millions d’euros pour accompagner la « restructuration lourde » et la rénovation énergétique de logements sociaux vétustes ;
- 200 millions d’euros pour aider les TPE/PME à rénover énergétiquement leurs locaux (pour rappel, 99,8% des entreprises françaises sont des TPE ou PME(11)).
Transports : « verdissement » du parc de véhicules
En France, les transports constituent le 2e principal secteur consommateur d’énergie (32% de la consommation énergétique finale(12)) mais de loin le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre (40% des émissions nationales de CO2)(13). Précisons que le mode routier compte à lui seul pour plus de 93% de la consommation énergétique de ce secteur.
Le plan de relance prévoit entre autres :
- 4,7 milliards d’euros de soutien au secteur ferroviaire, avec notamment une modernisation du réseau, un renforcement de la sécurité en gare et en ligne ou encore la réouverture d’« une à deux lignes » de trains de nuit ;
- 1,9 milliard d’euros pour des aides à l’achat de véhicules « propres » (bonus, primes à la conversion et à l’acquisition de véhicules peu émetteurs), dans la continuité du plan de soutien à l’automobile présenté en mai 2020(14) ;
- 1,2 milliard d’euros pour développer « les mobilités du quotidien », à savoir les transports collectifs (métros, tramways, bus, RER) ainsi que le vélo (en pérennisant notamment les pistes provisoires créées à la sortie du confinement) ;
- 550 millions d’euros pour accélérer des travaux d’infrastructures de transport, incluant par exemple le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques sur les routes nationales et autoroutes(15) ou des travaux sur les écluses pour le transport fluvial ;
- 180 millions d’euros pour « verdir » le parc automobile de l’État en remplaçant les véhicules thermiques des flottes par des nouveaux véhicules électrique ou hybrides rechargeables (les voitures de la police nationale et de la gendarmerie ont par exemple plus de 7 ans en moyenne et « ne sont pas aux normes de la transition écologique »(16)).
- 50 millions d’euros pour augmenter la « résilience » des réseaux de distribution électrique en zone rurale (notamment face aux événements climatiques) en remplaçant le matériel ancien.
Hydrogène « vert » et nucléaire
Un axe très commenté du plan de relance est l’objectif de « développer une filière d’hydrogène vert » en France : 2 milliards d’euros sont inscrits dans le nouveau plan pour soutenir des projets (toujours pour les années 2021-2022) et mettre en place un mécanisme de soutien (via un complément de rémunération ou des appels d’offres) pour la production d’hydrogène « vert » produit par électrolyse de l’eau.
Au total, le financement de la stratégie hydrogène française doit s’élever à 7,2 milliards d’euros d’ici à 2030 (les crédits du plan de relance doivent être « complétés » par le 4e programme d’investissements d’avenir « PIA4 »). Pour rappel, la France avait présenté un plan hydrogène de 100 millions d’euros en mai 2018.
L’hydrogène « vert » désigne, dans le plan de relance, l'hydrogène produit avec de l'électricité d'origine « renouvelable » ou « bas carbone » (ce qui inclut le nucléaire). Précisons ici que la production électrique en France métropolitaine était décarbonée à près de 92% en 2019).
Le plan de relance prévoit également une enveloppe de 200 millions d’euros pour soutenir le secteur nucléaire, afin de « maintenir les compétences indispensables à la filière et soutenir la compétitivité des entreprises par leur modernisation », tout en favorisant l’innovation (le projet Nuward(17) de petit réacteur modulaire « SMR » français est cité en exemple). Ce soutien sera également renforcé dans le cadre du 4e programme d’investissements d’avenir(18) (au total, le soutien à la filière doit s’élever à 470 millions d’euros).
Le plan de relance mentionne également 3,4 milliards d'euros d'investissements consacrés à l’innovation dans la « transition écologique »(19).