La Norvège exporte la majorité de son gaz vers l’Allemagne et le Royaume-Uni. Ici, un navire méthanier sur le terminal GNL d’Hammerfest. (©Statoil-Harald Pettersen)
En Norvège, la coalition de droite de la première ministre sortante Erna Solberg a remporté hier les élections législatives. Un résultat qui rassure l’industrie pétrolière, pointée du doigt durant la campagne par les écologistes.
Une victoire des conservateurs… et du secteur oil and gas
Le parti travailliste est arrivé hier en tête des suffrages et a obtenu 49 des 169 sièges au Parlement norvégien (Storting(1)). C’est toutefois le parti conservateur d’Erna Solberg (45 sièges) qui formera à nouveau la coalition au pouvoir pour les quatre prochaines années, aux côtés des populistes du parti du progrès (28 sièges) et de ses alliés démocrates-chrétiens (8 sièges) et libéraux (8 sièges).
L’issue de ce scrutin est favorable à l’industrie pétrolière et gazière norvégienne, vivement critiquée durant la campagne par les Verts qui réclamaient la fin immédiate de toute nouvelle prospection d'hydrocarbures et l'arrêt de la production pétrolière d'ici à 15 ans (ceux-ci n’obtiennent finalement qu’un siège au Parlement).
L’énergie a occupé une place importante dans la campagne mais « davantage en raison de son importance pour l'économie norvégienne(2) que pour des considérations environnementales », décrypte Leif Christian Jensen, chercheur au Fridtjof Nansen Institute. Selon lui, « le problème du changement climatique n’est toutefois plus contesté en Norvège ».
La Norvège s’est, comme les pays de l’Union européenne, engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, alors que sa consommation d’électricité (importante, notamment à des fins de chauffage) est déjà très décarbonée grâce à l’énergie hydraulique.
La première ministre sortante Erna Solberg est la première conservatrice reconduite au pouvoir en Norvège pour un second mandat depuis plus de 30 ans. (©Connaissance des Énergies, d’après données officielles norvégiennes)
Vers une exploration des ressources de l’Arctique
La Norvège est actuellement le 7e producteur de gaz naturel (116,6 milliards de m3 en 2016) et le 14e producteur de pétrole (près de 2 millions de barils par jour en 2016)(3) au niveau mondial et de loin le principal acteur des hydrocarbures en Europe. Compte tenu de ses faibles besoins intérieurs, ce pays de 5,3 millions d’habitants est le 3e exportateur mondial de gaz naturel après la Russie et le Qatar. Il a notamment satisfait près de 42,2% des importations françaises de gaz en 2015, loin devant la Russie.
La production pétrolière norvégienne a certes baissé de 40% par rapport au pic de 2001, de nombreux champs arrivant à maturité, mais Erna Solberg souhaite poursuivre le « conte de fées pétrolier » norvégien, avec « une politique très active en faveur de l’extraction de pétrole et pour découvrir davantage de ressources(4) », indique Leif Christian Jensen.
Les conservateurs souhaitent entre autres stimuler l’exploration et l’exploitation des ressources dans les eaux arctiques de la mer de Barents, rencontrant à ce titre une vive opposition des ONG environnementales(5). Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, seul un tiers des ressources gazières et la moitié des ressources pétrolières de la Norvège auraient été exploitées à ce jour(6).
La Norvège, championne des hydrocarbures… et des véhicules électriques
La Norvège compte ainsi continuer à s’appuyer sur son secteur pétrolier et gazier dont les retombées économiques abondent le plus gros fonds souverain au monde (ce fonds qui avoisine 1 000 milliards de dollars est censé être destiné à financer l’État-providence dans l’ère post-pétrole). Dans le même temps, le pays est également engagé dans un mouvement de transition, à l’image de son secteur des transports. En 2016, la Norvège était le 2e pays en Europe, après la France, totalisant le plus de nouvelles immatriculations de véhicules 100% électriques selon l’Avere(7).
Comme la France avec son parc nucléaire, la Norvège s’appuie sur l’énergie hydraulique pour produire une électricité décarbonée. A elle seule, l’hydroélectricité compte pour près de 97% de la production électrique de la Norvège et pour environ 38,5% de la consommation nationale d’énergie primaire.
Les larges réservoirs hydrauliques de la Norvège constituent des capacités de stockage électrique importantes, pouvant rapidement être sollicitées, et sont susceptibles à ce titre de pallier les variations de production de futures capacités intermittentes (éolien)(8). Signalons à ce titre que l’électricien Statkraft prévoit de mettre en service en Norvège le plus puissant parc éolien terrestre d’Europe à l’horizon 2020 (278 éoliennes d’une puissance cumulée de 1 000 MW)(9).
Le mix énergétique norvégien repose fortement sur l’hydroélectricité. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)