La Conférence Climat de Paris qui s’est tenue du 30 novembre au 12 décembre a été l’un des temps forts de l’année 2015. (©flickr-UNclimatechange)
Si la fin d’année 2015 a été fortement marquée par la Conférence Climat de Paris (COP21), l’énergie se trouvait déjà au cœur de l’actualité des mois précédents. Connaissance des Énergies vous propose de revenir sur l’année 2015 à travers 3 grands temps forts. La rédaction en profite pour vous souhaiter à tous de joyeuses fêtes de fin d’année et vous donne rendez-vous le 4 janvier 2016.
COP21 : un accord universel pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (décembre 2015)
En décembre 2015, l’accord de Paris a été conclu par 196 Parties (195 pays et l’Union européenne) ayant pour ambition commune de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de manière à limiter le réchauffement climatique « nettement en dessous » de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux températures préindustrielles et de poursuivre les efforts en vue de contenir ce réchauffement aux alentours de 1,5°C.
Pour ce faire, les États ont déposé auprès des Nations Unies des contributions nationales dites « INDC » dont l’ambition et l’horizon dans le temps varient fortement d’un pays à un autre. La somme de ces engagements volontaires (non contraignants) conduit actuellement à une trajectoire de réchauffement d’au moins 2,7°C à l’horizon 2100 selon la communauté scientifique. Il a donc été décidé de mettre en place un mécanisme de révision à la hausse des INDC, la première devant avoir lieu en 2025 (certains pays comme la France pourraient rehausser leurs ambitions dès 2020).
Bien que directement liées aux problématiques climatiques, les énergies n’ont été mentionnées qu’en préambule du texte final de la COP21 (en dehors de l’accord à proprement dit) : il y a été reconnu « la nécessité de promouvoir l'accès universel à l’énergie durable dans les pays en développement, en particulier en Afrique, en renforçant le déploiement des énergies renouvelables ». Durant la Conférence Climat, signalons qu’il a été beaucoup question du financement des énergies renouvelables, des désinvestissements des énergies fossiles (en particulier du charbon) ou encore de l’arrêt des subventions en faveur de ces énergies tandis que l’avenir de l’énergie nucléaire (qui fournit 11% de la production électrique mondiale) a été très peu abordé.
Loi de transition énergétique en France : des objectifs enfin entérinés (juillet 2015)
Le projet de loi de transition énergétique pour la croissance verte en France a été adopté le 22 juillet 2015 en dernière lecture à l’Assemblée nationale. Un débat national sur cette thématique avait officiellement débuté fin 2012. A l’issue de cette consultation « citoyenne », Ségolène Royal avait présenté les grandes lignes du projet de loi en juin 2014. Il avait été décidé que ce texte ferait l’objet d’une procédure accélérée afin que la loi soit promulguée plus rapidement. Après 2 lectures dans chaque assemblée et une commission mixte paritaire (CMP) ayant échoué à trouver un texte de compromis, l’Assemblée nationale a eu le dernier mot.
Cette loi entérine notamment un objectif de réduction de 40% des émissions françaises de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990 (ambition de l’Union européenne dans le cadre de la COP21) et de 75% d’ici à 2050 (« facteur 4 »). Elle prévoit également de réduire de moitié la consommation d’énergie finale de la France d’ici à 2050 (par rapport à 2012). Cette réduction est censée principalement provenir des actions d’efficacité énergétique (mais aussi de sobriété selon l’association négaWatt). Le plan national de rénovation énergétique dans l’habitat doit notamment fortement y contribuer.
Signalons également les objectifs suivants :
- porter à 32% la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2030 (contre près de 14% en 2012) et à 40% dans la production d'électricité à cet horizon (contre 17,7% en 2014) ;
- réduire de 30% la consommation d’énergies fossiles (en énergie primaire) d’ici à 2030 par rapport à 2012 ;
- réduire la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité française à 50% en 2025 (contre 77% en 2014) en plafonnant la capacité du parc nucléaire français à 63,2 GW, soit sa puissance actuelle (ce qui implique que la mise en service de l’EPR de Flamanville devrait s’accompagner de la fermeture de réacteurs de capacité équivalente).
La loi de transition énergétique prévoit également d’augmenter la composante carbone intégrée aux taxes intérieures sur la consommation des produits énergétiques (contribution climat énergie). Fixée à 22 euros par tonne de CO2 en 2016, celle-ci devrait être augmentée à hauteur de 56 euros par tonne en 2022 et de 100 euros par tonne en 2030. Cette sorte de taxe carbone doit contribuer à favoriser les investissements en faveur des énergies « décarbonées ».
Principaux objectifs de la loi de transition énergétique en France (©Connaissance des Énergies)
Cours du pétrole : une chute en-dessous de 50 $ le baril (année 2015)
Le cours du baril de pétrole Brent est aujourd’hui inférieur à 37 $, ce qui constitue à peine plus d’un tiers de son prix à l’été 2014 et 20$ de moins qu’en juillet 2015. L’offre de brut sur le marché mondial excède encore la demande de 1 à 2 millions de barils par jour selon Olivier Appert, ancien président d’IFP Energies nouvelles(1).
Ce surplus d’offre est principalement dû à la montée en puissance du pétrole de schiste aux États-Unis (qui a abouti à la mise en production « d’une nouvelle Norvège tous les deux ans » rappelle Olivier Appert). L’OPEP, Arabie saoudite en tête, a refusé à plusieurs reprises durant l’année 2015 de jouer le rôle de « swing producer » qu’elle tenait par le passé et qui consistait à baisser sa production pour maintenir les cours du pétrole à un niveau élevé. L’Arabie saoudite a ainsi réaffirmé le 4 décembre lors de la dernière réunion de l’OPEP, qu’elle ne baisserait sa production que si les États-Unis et la Russie faisaient de même afin de ne pas perdre de parts de marché.
Aux États-Unis, la production des « light tight oil » (hydrocarbures provenant de gisements à très faible porosité, principalement le pétrole de schiste) a mieux résisté que prévu à la baisse des cours bien qu’elle ait baissé depuis le début de l’été 2015. Elle pourrait à nouveau augmenter de 1,5 million de baril par jour (mb/j) d’ici à 2020 et dépasser 5 mb/j à cet horizon en cas de remontée du prix du baril à 80 $ selon les dernières estimations de l’AIE présentées mi-novembre.
Compte tenu de cette résilience des hydrocarbures non conventionnels aux États-Unis et des incertitudes concernant la croissance économique mondiale, « le retour à l’équilibre risque d’être plus long » que lors des précédents épisodes de baisse des prix, indique Olivier Appert. D’autant plus que l’Iran, qui dispose des 4eréserves prouvées de pétrole au monde (157,8 milliards de barils à fin 2014) pourrait fortement augmenter sa production suite à la levée en 2016 de l’embargo le touchant (conformément à l’accord sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015).
Évolution des cours du baril de Brent (©Connaissance des Énergies)
Et aussi…
Nous vous invitons à retrouver ci-dessous quelques-uns de nos articles liés à l'actualité les plus consultés en 2015 et à poursuivre la discussion sur nos réseaux sociaux :
L’énergie dans le monde en 2035 : à quoi faut-il s’attendre ? (25 février 2015)
L’éolien flottant en 4 questions (20 mars 2015)
Les chiffres clés du pétrole et du gaz naturel en 2014 (12 juin 2015)
Nucléaire iranien : le qualificatif « historique » s’applique bien à cet accord (16 juillet 2015)
Éolien : 10 000 MW en France, ça veut dire quoi ? (14 septembre 2015)