Le Réseau Action Climat déclare attendre « une réforme profonde des politiques publiques dans tous les secteurs émetteurs de gaz à effet de serre ». (©Pixabay)
Les associations membres du Réseau Action Climat (RAC) ont présenté le 20 juin leurs propositions relatives à la future feuille de route du gouvernement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette feuille de route, promise par Emmanuel Macron après l’annonce du retrait américain de l’Accord de Paris, doit être publiée d’ici début juillet.
Une mise en œuvre accélérée de la loi de transition
En France, les grands objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte sont désormais bien connus : réduction de 30% de la consommation d’énergies fossiles d’ici 2030(1), division par 2 de la consommation d’énergie finale d’ici à 2050, diminution de la part du nucléaire dans le mix de production électrique à hauteur de 50% en 2025 (contre 72,3% en 2016), etc.
Le Réseau Action Climat, qui regroupe de nombreuses ONG environnementales telles que France Nature Environnement, WWF et Greenpeace, considère toutefois que « les moyens qui permettront de tenir ces objectifs font toujours défaut ». Il appelle entre autres à simplifier les règles de développement des énergies renouvelables, à interdire « définitivement l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures en France et en outre-mer » et à préciser l’évolution du parc nucléaire en vue de l’objectif encore discuté des « 50% » en 2025.
Les ONG attendent du gouvernement qu’il fixe un « cap » clair, permettant de s’orienter vers un mix énergétique reposant in fine à 100% sur les énergies renouvelables en 2050. A plus court terme, elles demandent entre autres la mise en place d’un plan détaillé (avec calendrier précis et financements dédiés) pour réaliser la rénovation de 8 millions de « passoires énergétiques » (niveau de performance énergétique F ou G) en France d’ici à 2025. Le RAC juge par ailleurs « très insuffisantes » les mesures de la loi de transition énergétique dans les transports (27% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2014).
Calendrier des grands objectifs de la loi de transition énergétique (©Connaissance des Énergies)
Les ONG du RAC ne limitent pas leurs recommandations au secteur énergétique. Elles appellent également à réduire les importantes émissions de gaz à effet de serre (en particulier de méthane) liées à l’agriculture et à l’alimentation, notamment en réduisant la consommation de produits animaux.
Une fiscalité « climato-compatible »
Les associations membres du Réseau Action Climat rappellent que la fiscalité sera « un facteur déterminant pour atteindre nos objectifs climatiques ». Elles appellent ainsi le gouvernement à intégrer dans sa feuille de route climatique l’engagement d’un « projet de loi de finances pour 2018 climato-compatible ».
Cela suppose, selon le RAC, de préciser l’évolution de la composante carbone sur toute la durée du quinquennat (en maintenant l’objectif de la porter à 56 €/t CO2 en 2020), d’aligner la fiscalité du gazole sur celle de l’essence ou encore de mettre en œuvre la taxe sur les transactions financières dont 75% des recettes pourraient être affectées à « la solidarité internationale et au climat ».
Des objectifs « énergie-climat » renforcés au niveau européen
Au niveau européen, le RAC plaide pour rendre contraignants les objectifs climat/énergie des États membres à l’horizon 2030 et à les revoir sensiblement à la hausse. Il appelle à porter à « 45% au minimum » la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale de l’Union européenne en 2030, au lieu de l’objectif de 27% proposé au niveau communautaire.
En matière d’efficacité énergétique, le RAC appelle à renforcer l’objectif de réduction de la consommation d’énergie (par rapport à la consommation estimée à l’horizon 2030), « à 40% au lieu des 30% proposés ». Les ONG considèrent que ces objectifs permettraient à l’Europe d’apporter « une contribution adaptée à l’objectif de réchauffement en-dessous de 1,5°C » d’ici la fin du siècle (par rapport aux températures préindustrielles), comme envisagé lors de la COP21.
Parmi les mesures jugées prioritaires par le RAC, les ONG appellent à finaliser la création de la taxe sur les transactions financière au niveau européen en juillet 2017. Elles recommandent par ailleurs d’organiser en France un « sommet de l’action européenne » en 2018 pour faire un état des lieux des actions de l’Europe en matière de lutte contre le réchauffement climatique depuis la COP21.