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Parc éolien de Macho Springs aux États-Unis

Parc éolien de Macho Springs aux États-Unis (©Vestas)

Le GWEC (Global Wind Energy Council) a publié hier sa synthèse annuelle sur le développement du marché éolien mondial en 2016, en présentant ses perspectives pour la filière d’ici à 2021. En voici les principaux enseignements.

Un marché mondial toujours largement porté par la Chine

En 2016, le marché éolien mondial n’a pas tout à fait atteint les espérances du GWEC en raison de la croissance moins forte que prévue de cette énergie en Chine mais aussi dans certains pays qualifiés de « marchés émergents » comme l’Afrique du Sud, le Brésil, le Canada ou le Mexique. Au total, la puissance installée du parc éolien mondial a augmenté de 54,6 GW en 2016 (contre plus de 60 GW en 2015) pour atteindre 486,8 GW en fin d’année(1).

Le marché éolien mondial est tiré par l’Asie, Chine en tête, pour la 8e année consécutive selon le GWEC. Le géant chinois a renforcé sa position de leader sur ce marché, mais le rythme des nouvelles capacités éoliennes connectées au réseau dans ce pays en 2016 (+ 23,4 GW) s’est ralenti de 24% par rapport à 2015. Avec près de 241 TWh produits en 2016, le parc éolien chinois a compté pour près de 4% de la production électrique totale de ce pays l’an dernier.

Rappelons ici qu’il convient de bien distinguer les données de puissance de celles de production en raison des différents facteurs de charge d’un site à un autre : une unité de production électrique de 2 MW ne produira pas la même quantité d’électricité selon la source d’énergie exploitée (intermittente comme le vent ou non), sa localisation (plus ou moins ventée par exemple) ou encore son niveau d’utilisation (phases de maintenance). La production éolienne annuelle de la Chine est par exemple à peine supérieure à celle des États-Unis(2) alors même que la puissance installée de son parc est deux fois plus importante que celle du parc américain(3).

5,5% de la production électrique américaine en 2016

Les États-Unis constituent toujours le 2e grand marché de l’éolien dans le monde. La puissance installée du parc éolien américain a augmenté de 8,2 GW en 2016 pour atteindre 82,2 GW en fin d’année. Ce parc a généré près de 226 TWh en 2016, soit près de 5,5% de la production électrique américaine annuelle. Dans l’Iowa et le Dakota du Sud, la part de l’éolien dans la production électrique a même dépassé 30%. Précisons que la première ferme commerciale offshore au large des côtes américaines a par ailleurs été mise en service fin 2016 (Block Island).

Avec 12,5 GW de nouvelles capacités éoliennes installées en 2016 (dont 44% sur le territoire allemand), l’Union européenne reste également une zone centrale d’implantation des éoliennes. Avec presque 300 TWh produits en 2016, l’éolien aurait couvert 10,4% de la demande d’électricité au sein de l’Union européenne l’an dernier selon le GWEC. Certains détracteurs de la filière éolienne soulignent toutefois que cette production n’est pas nécessairement corrélée aux heures de consommation, d’où l’importance de solutions de stockage et d'une gestion « intelligente » des réseaux électriques.

Cinq États membres de l’UE ont établi, selon le GWEC, de nouveaux « records » nationaux d’installation d’éoliennes en 2016 : la France (1 561 MW), les Pays-Bas (887 MW), la Finlande (570 MW), l’Irlande (384 MW) et la Lituanie (178 MW), encore loin derrière l’Allemagne (+ 5 443 MW). En France, l’éolien a compté pour près de 3,9% de la production électrique française en 2016. La production du parc éolien français en 2016 a légèrement baissé par rapport à 2015 (- 1,8%), malgré une hausse de 13% des capacités installées dans l’hexagone l'an dernier, en raison de conditions météorologiques défavorables fin 2016 (mois de septembre et décembre peu venteux).

Après la Chine, les États-Unis et l’Allemagne, l’Inde est le 4e pays le plus dynamique en matière d’implantation d’éoliennes, avec 3,6 GW de nouvelles capacités installées en 2016. Cela porte la puissance du parc éolien indien à 28,7 GW à fin 2016, soit près de la moitié de l’objectif de développement que s’est fixé le pays à l’horizon 2022 (60 GW de capacités éoliennes et 100 GW de capacités solaires installées).

Évolution des capacités installées dans le monde de 2001 à 2016
Évolution des capacités installées dans le monde de 2001 à 2016 (©Connaissance des Énergies, d’après données du GWEC)

Quid du développement éolien dans les 5 années à venir ?

La baisse des coûts de production de l’énergie éolienne constitue, avec le développement de solutions de stockage, un enjeu central pour la filière. A cet égard, le plus grand appel d’offres jamais organisé au Chili (portant sur la fourniture de 12,4 TWh d’électricité par an à partir de 2021 par des éoliennes mais aussi des centrales solaires et hydrauliques) fait office de vitrine pour l’éolien dans une zone particulièrement favorable : la société irlandaise Mainstream Renewable Power s’est approprié 30% des volumes offerts dans le cadre de cet appel d’offres en août 2016, avec des prix d’achat de sa future production éolienne historiquement bas, compris entre 38,8 $/MWh et 47,2 $/MWh pendant 20 ans(4).

Selon le GWEC, l’éolien pourrait, avec la baisse continue des coûts de production de la filière, connaître une croissance soutenue dans les prochaines années (de l’ordre de 10% à 12% de capacités supplémentaires installées chaque année dans le monde). A fin 2021, la puissance éolienne mondiale installée pourrait atteindre 817 GW d'après les prévisions du GWEC, soit 67,8% de plus qu’à fin 2016. Le marché éolien devrait continuer à être tiré par la Chine.

Le GWEC mise également sur « l’énorme potentiel » de l’éolien offshore, dont le développement a jusqu’ici été freiné par ses coûts de production. L’organisation voit « la technologie continuer à s’améliorer et s’étendre au-delà de sa base européenne dans les 10 ou 15 années à venir ».

Sources / Notes

  1. Le GWEC ne communique pas de donnée agrégée sur la production éolienne mondiale en 2016. En 2015, cette production variait selon les sources entre 841 TWh (soit 3% de la production électrique mondiale de 2015 selon BP) et 950 TWh (soit 4% de la production électrique mondiale de 2015 selon le Conseil mondial de l’énergie).
  2. La production éolienne de la Chine est près de 6% supérieure à celle des États-Unis en 2016.
  3. Mais le facteur de charge chinois est presque deux fois plus faible, notamment en raison de difficultés liées aux réseaux électriques.
  4. « Unprecedented victory for renewable energy over fossil fuels in Chile », Site de Mainstream Renewable Power 

Global Wind Report 2016, GWEC

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