Le déploiement d'un vaste réseau de bornes de charge doit être prochainement coordonné par une mission gouvernementale présidée par Philippe Hirtzman. (©photo)
Le Mondial de l’automobile tient salon jusqu’au 14 octobre porte de Versailles à Paris. La dernière édition en 2010 avait mis à l’honneur les véhicules électriques et hybrides. Deux ans plus tard, ces véhicules ont-ils progressé sur le marché français au rythme espéré ?
Des objectifs de développement ambitieux
En 2010, les véhicules dits « verts », en particulier électriques et hybrides, tenaient la vedette au Mondial de l’automobile, bénéficiant d’un pavillon dédié de 13 000 m2. La Citroën C-Zéro, la Blue Car de Bolloré, la Nissan Leaf ou encore la Renault ZOÉ incarnaient, parmi d’autres modèles exposés, le développement potentiel de la filière des véhicules électriques.
A l’époque, le gouvernement se fixait pour objectif la mise en circulation de 450 000 véhicules électriques en 2015. En préambule du Mondial, le ministre de l’environnement Jean-Louis Borloo envisageait que ces voitures constituent 20% à 25% des ventes de nouveaux véhicules en France à l’horizon 2020. Côté industriels, Renault-Nissan pariait que les véhicules électriques constituent 10% de ses ventes françaises et mondiales en 2020.
Les « stars » du Mondial 2010 au ralenti
Deux ans plus tard, ces différents objectifs semblent difficilement atteignables. En 2011, plus de 2,2 millions de voitures particulières ont été immatriculés en France dont seulement 2 630 véhicules électriques, soit 0,12% du total. Le nombre d’immatriculations, bien que multiplié par 14 entre 2010 et 2011, ne présage pas à l’heure actuelle un décollage de la filière des véhicules électriques. Le développement des véhicules hybrides est légèrement plus important, avec plus de 13 000 immatriculations (presque exclusivement des véhicules « électricité + essence »).
Côté constructeurs, même si Carlos Ghosn, président de Renault-Nissan, maintient ses objectifs de développement des véhicules électriques, les ventes de véhicules électriques restent limitées. En 2011, le groupe a vendu en France 396 Renault Fluence et 83 Nissan Leaf. De son côté, PSA Peugeot Citroën a vendu 4 000 véhicules électriques en Europe en 2011, soit la moitié de l’objectif que s’était fixé le groupe(1). En août dernier, PSA a d’ailleurs suspendu ses commandes de voitures électriques à Mitsubishi, constructeur japonais à qui le groupe français achète des véhicules avant de les commercialiser en Europe sous les modèles Peugeot iOn et Citroën C-Zéro.
L’autonomie limitée (150 km en moyenne) et le coût d’achat constituent encore les freins majeurs à l’acquisition de véhicules électriques. Même si elle est suffisante pour assurer la grande majorité des trajets, l’autonomie est encore perçue comme trop faible par la population, comme en témoigne l’étude réalisée en ligne par Dynvibe(2) en septembre 2012. Les coûts des véhicules électriques sont en baisse et les constructeurs testent différentes solutions de location/vente pour les rendre économiquement plus attractifs. En juin dernier, Citroën a proposé la location de 200 de ses véhicules C-Zéro à un coût de 90 euros par mois (au lieu de 459 euros par mois).
Les pouvoirs publics pour accélérer le développement de la filière ?
En juillet 2012, le ministère du redressement productif a lancé un plan de soutien à la filière automobile(3) prônant le recours à l’innovation et en particulier aux véhicules électriques et hybrides. A cette occasion, le bonus à l’achat des voitures électriques a été porté de 5 000 à 7 000 euros et celui pour les véhicules hybrides a été doublé à hauteur de 4 000 euros (hausses valables jusque fin 2012). L’État s’est également engagé à ce que 25% de ses nouveaux véhicules soient électriques ou hybrides.
Il existe des précédents à ce plan de soutien. Fin 2009, un plan national pour le développement des véhicules électriques et hybrides rechargeables identifiait déjà 14 points d’action, comme le développement des infrastructures de charge. L’objectif de 2 millions de véhicules électriques en circulation à l’horizon 2020 était alors avancé.
Les particuliers n’ont toutefois pas suivi cette voie pour le moment. Le développement des véhicules électriques se cantonne encore aujourd’hui aux véhicules d’entreprises et à l’auto-partage. Les ventes de véhicules Bluecar de Bolloré utilisés par le système Autolib’ à Paris constituent d’ailleurs plus de 60% des ventes de véhicules électriques au cours du premier semestre 2012. Des véhicules alternatifs comme le quadricyle Twizy de Renault diversifient aujourd’hui l’offre mais la filière peine encore à décoller et à convaincre massivement les conducteurs français.