Les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont déjà rebondi selon l’AIE, en raison de la relance de l’activité économique et du manque de changements structurels dans la façon de produire et consommer l’énergie. (©Pixabay)
La consommation mondiale d’énergie primaire a baissé de presque 4% en 2020, par rapport à 2019. Et les émissions de CO2 associées à cette consommation ont chuté de « presque 2 milliards de tonnes » (soit l’équivalent des émissions annuelles de l’Union européenne) selon les dernières données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publiées ce 2 mars(1).
31,5 milliards de tonnes de CO2 liées à l’énergie en 2020
En 2020, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont atteint 31,5 milliards de tonnes (Gt) selon les dernières estimations de l’AIE, soit une baisse d’environ 5,8% par rapport à 2019 (33,4 Gt CO2), « la plus forte chute annuelle […] depuis la Seconde Guerre mondiale ».
Le niveau des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie en 2020 avoisine celui de 2012. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Précisons que plus de la moitié de la chute des émissions en 2020 (« environ 1 Gt CO2, soit davantage que les émissions annuelles du Japon ») est due à une moindre consommation de pétrole dans le transport routier et aérien. La consommation mondiale de pétrole dans son ensemble a chuté de 8,6% en 2020 par rapport à 2019.
En 2020, les émissions de CO2 liées à l’aviation internationale ont chuté de 45% par rapport à 2019, à un niveau jamais atteint depuis 1999. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Les émissions du secteur électrique ont également fortement diminué en 2020 (de 450 Mt au niveau mondial par rapport à 2019(2), soit une baisse de 3,3%), en raison de la chute de la demande et de la plus forte contribution des filières solaire photovoltaïque et éolienne (la part des énergies renouvelables dans la production mondiale d’électricité est passée de 27% en 2019 à 29% en 2020) selon l’AIE.
Un rebond des émissions en fin d’année
L’AIE apporte toutefois plusieurs réserves à son constat de baisse des émissions en 2020 :
- les émissions mondiales sont remontées en fin d’année : au « plus bas » de leur chute, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie étaient, en avril 2020, inférieures de 14,5% au niveau d’avril 2019. Mais elles étaient en décembre 2020, supérieures de 2,1% à décembre 2019 (soit 60 millions de tonnes de plus ce mois-là) ;
- l’évolution des émissions varie selon les zones géographiques : en Chine, les émissions de CO2 liées à l’énergie ont ainsi augmenté de 0,8% en 2020 (+ 75 millions de tonnes) par rapport à 2019 grâce à une « sortie » précoce de la pandémie et une reprise de l’activité économique (les émissions chinoises ont rebondi dès le mois d’avril 2020 et étaient, en décembre 2020, supérieures de 7% au niveau de décembre 2019 selon l’AIE). Les États-Unis ont au contraire vu leurs émissions chuter de 10% en 2020, tout comme l’Union européenne, dont les États membres ont connu différentes périodes de confinement.
Aux États-Unis, la transition du charbon vers le gaz dans le secteur électrique s’est accélérée en 2020, ce qui accentué la chute des émissions de CO2 dans ce pays. (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)
Un « avertissement brutal »
Le rebond des émissions mondiales de CO2 constitue un « avertissement brutal » sur le manque d’actions pour accélérer les transitions énergétiques bas carbone dans le monde, déplore Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE. Celui-ci rappelle les alertes lancées par l’AIE dès mars 2020 qui n’ont pas été prises en compte dans les plans de relance selon lui, le cap semblant généralement le retour au « business-as-usual ».
L’AIE note certes des « motifs d’optimisme » (objectif de neutralité carbone de la Chine, retour des États-Unis dans l’accord de Paris avec l’administration Biden, succès des filières renouvelables en Inde, Green Deal dans l’Union européenne, etc.) mais estime que les émissions de CO2 risquent de retrouver des niveaux supérieurs à ceux d’avant crise dans de nombreuses économies (avec la reprise de l’activité économique, s’accompagnant d’une croissance de la consommation d’énergie).
L’AIE publiera le 18 mai prochain sa première feuille de route complète, montrant la trajectoire nécessaire du secteur de l’énergie pour atteindre des émissions nettes nulles au niveau mondial d’ici 2050.