- Source : Ifri
En Afrique subsaharienne, plus de 600 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité. Le potentiel « colossal » de l’énergie solaire dans cette région du monde suscite de nombreux espoirs pour y satisfaire les besoins électriques d’une population en très forte croissance (projection de l'ONU de 2,1 milliards d’habitants en 2050, contre 1,1 milliard actuellement). Pourtant, malgré des fortes baisses de coûts et les initiatives nombreuses d’institutions financières de développement, le recours au solaire photovoltaïque reste encore très limité au regard du potentiel de la filière(1).
Dans la publication ci-après mise en ligne le 29 mai, Hugo Le Picard, chercheur au Centre Énergie et Climat de l’Ifri, détaille les différents freins à un développement à grande échelle du solaire photovoltaïque (PV) en Afrique subsaharienne(2) (notamment les incertitudes pour les investisseurs(3) et le manque de planification des gouvernements) et plus globalement les contraintes liées au secteur électrique dans cette région du monde : vétusté des réseaux électriques occasionnant des pertes en ligne importantes, vols d’électricité liés à des raccordements « sauvages », impayés des consommateurs, etc.(4)
Le chercheur présente des mesures d’ordre technique et politique à déployer pour faciliter le développement du solaire PV en Afrique subsaharienne. Il souligne que les petites centrales solaires (de 5 à 20 MW) peuvent entre autres permettre de limiter en partie les pertes en ligne : « elles peuvent être déployées à différents endroits du réseau national tout en étant plus proches des villes, diminuant ainsi la distance à parcourir dans le réseau ».
Selon Hugo Le Picard, la crise du Covid-19 « aura des répercussions importantes sur les économies et donc sur le développement de l’énergie solaire dans la région ». Il pointe notamment les risques de réduction des aides au développement et de dépréciation des monnaies africaines (qui va « renchérir le coût des projets : tous les composants d’une centrale solaire devant être importés et payés en devises fortes »(5)). Dans ce contexte, le chercheur appelle les États d’Afrique subsaharienne à « lever les obstacles aux investissements du secteur privé, qui aura plus que jamais un rôle clé à jouer ».
Sources / Notes
- « En 2017, 4,6 térawattheures (TWh) de PV ont été produits sur le continent alors que son potentiel théorique est estimé à plus de 60 millions de TWh par an ».
- Hugo Le Picard explique que le défi du développement du solaire en Afrique subsaharienne n’est « ni technologique, ni technique ».
- « L’amélioration de la viabilité financière des entreprises nationales de services d’électricité est une condition sine qua non pour permettre la multiplication de projets solaires par des producteurs d’électricité indépendants (IPP) ».
- « Plus de 10 pays subsahariens ont des impayés supérieurs à 20% de l’électricité vendue », indique Hugo Le Picard.
- « De même, la plupart des PPA sont signés en dollars, transférant le risque de change aux États, qui achètent l’électricité en dollars aux IPP et la revendent en monnaie locale ».