Station d'interconnexion gazière entre la France et l'Allemagne à Obergailbach. (©GRTgaz)
Le système gazier est « en mesure d’alimenter les consommateurs français et d’assurer la solidarité en gaz avec les pays européens voisins, quelle que soit la rigueur » de l'hiver 2024/2025, ont indiqué les gestionnaires de réseaux GRTgaz et Teréga lors de la présentation de leur Winter Outlook ce 23 octobre.
Un contexte européen plus stable
Malgré la guerre persistante en Ukraine et la mise au ban progressive du gaz russe, les différents voyants sont au vert pour les gestionnaires de réseau, comme l'illustrent les prix bas sur le marché européen : « les prix de gros du gaz se stabilisent et sont anticipés par le marché autour de 40 €/MWh (spot et futures) »(1).
L'Europe a su (en partie) trouver des alternatives au gaz russe pour sécuriser ses approvisionnements : les livraisons de gaz russe vers l'UE ont chuté de 70% (GNL inclus) par rapport à la situation pré-guerre en Ukraine et la Russie ne compte plus que pour près de 17% des approvisionnements gaziers de l'UE.
Les pays européens disposent de nouveaux points d'entrée pour le GNL et les capacités d’importation de GNL en Europe « pour fin 2024 [...] sont attendues en hausse de +13% par rapport à 2023 » (avec notamment une capacité de près de 1 TWh par jour de regazéification en Allemagne, alors qu'elle était encore inexistante dans ce pays en 2021).
Le niveau de remplissage des stocks de gaz dans l'UE (95% au 1er octobre 2024), incite également à l'optimisme, avec plus de 1 000 TWh disponibles « à ce jour ».
Même l'annonce de l'arrêt du transit du gaz russe par l'Ukraine en janvier 2025, très commenté, pourrait avoir « un impact pour les pays de l’Europe de l’Est mais sans répercussion significative sur le passage de l’hiver du fait d’un bon remplissage des stockages », estiment les les gestionnaires de réseaux.
« Y compris en cas d'hiver très froid »
Deux scénarios ont été envisagés dans le cadre du Winter Outlook : celui d'un hiver « moyen », pour lequel la consommation hivernale (du 1er novembre au 31 mars) de la France avoisinerait 260 TWh, et celui d'un hiver « très froid », où la consommation nationale s'élèverait à 296 TWh.
Comme lors des hivers précédents, le niveau de remplissage des stocks en France est élevé (presque 130 TWh et 95% des capacités au 21 octobre, soit légèrement moins que les deux hivers précédents à la même période). Mais les gestionnaires de réseau appellent toujours à la prudence : « il est important de les préserver en début d'hiver pour couvrir une éventuelle pointe de froid tardive ».
La production de biométhane en France augmente en outre et pourrait s'élever à 5 TWh cet hiver selon les gestionnaires de réseau, « ce qui correspond à une tranche de centrale nucléaire » sur cette période.
« Avec des approvisionnements réguliers de Norvège, des Pays-Bas, ainsi qu’en GNL, les simulations montrent que le réseau français satisfait les besoins de consommation, y compris en cas d’hiver très froid ». Et la France pourra également continuer à contribuer à la solidarité gazière en Europe (durant l'hiver 2023/2024, le transit net de gaz depuis la France vers la Belgique, l’Allemagne et la Suisse s'était élevé à 83 TWh).
Malgré cette situation très favorable, les gestionnaires de réseau comptent sur leur dispositif d'information Ecogaz pour limiter les pics de consommation durant l'hiver (avec des alertes sous forme de codes couleurs). Ce dernier s'inscrit dans la campagne de sobriété lancée la semaine dernière par le gouvernement.