Qu'est-ce que la sobriété énergétique ?

Maison de nuit

Parmi les « bonnes habitudes » à prendre à son domicile, l'Ademe appelle à « éviter les abat-jour et luminaires sombres et occultants : ce sont de gros gaspilleurs de lumière ». (©Pixabay)

En juin 2022, le gouvernement a appelé les Français à multiplier « les petits gestes du quotidien » dans le cadre du Plan « sobriété énergétique », remettant cette démarche au premier plan.

Définition

La sobriété peut être définie comme la « limitation des biens et services produits et consommés à un niveau « suffisant » et non superflu », selon les termes de l'Ademe(1) (qui note toutefois qu'il « n'existe pas de définition précise et consensuelle » de la sobriété).

La sobriété énergétique s'inscrit ainsi en particulier dans « une recherche de modération dans la production et de la consommation de biens et de services nécessitant des ressources énergétiques ou matérielles ».

Cette notion « trouve ses racines dans des traditions philosophiques et religieuses anciennes (rattachée à des termes variables, comme modération, tempérance, ou frugalité) », rappelle l'Ademe. Elle est de plus en plus invoquée, face à l'inadéquation manifeste entre nos modes de vie modernes et la « finitude » des ressources nous entourant.

Cette notion se distingue de l'efficacité énergétique, démarche complémentaire pour réduire nos consommations énergétiques quand elle n'entraîne pas un effet « rebond » (respectivement « sufficiency » et « efficiency » en anglais). La frontière entre ces deux démarches est parfois encore floue.

Une politique fréquente en temps de crise

La sobriété énergétique peut être motivée par de nombreuses considérations : économique très souvent mais aussi écologique, pour moins peser sur les ressources et lutter contre le réchauffement climatique notamment.

Plan de sobriété énergétique de 2022

En juin 2022, la Première ministre Elisabeth Borne et la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher avaient annoncé l’objectif de réduire de 10% de consommation d’énergie finale au cours des deux années suivantes. La communication autour du plan de sobriété énergétique de 2022(2) en France s'est notamment articulée autour de 15 mesures phares, parmi lesquelles : 

  • limiter à 19°C la température de chauffe dans les bureaux et baisser la température la nuit à 16°C et à 8°C degrés lorsque le bâtiment est fermé plus de trois jours (une mesure qui pourrait à elle seule permettre de réduire de plus de 20TWh par an les consommations d'électricité dans les bâtiments selon le gouvernement) ;
  • décaler de 15 jours le début et la fin de la période de chauffe, quand cela est possible et quand la température extérieure le permet ;
  • favoriser le covoiturage grâce à un bonus pour tout nouveau covoitureur qui s’inscrit sur une plateforme ;
  • réduire la consommation d’électricité liée à l’éclairage public (qui représente, en moyenne, 30% des dépenses d’électricité d’une collectivité).

Différence avec la sobriété imposée lors des chocs pétroliers

La sobriété énergétique fait sans surprise l'objet d'une attention particulière en temps de crise, par exemple après les chocs pétroliers des années 1970 ou dans le contexte de la crise énergétique en 2022 liée à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. 

Avec des nuances : l'appel aux économies d'énergie qui a suivi le choc pétrolier de 1973 était notamment « plus direct » que le discours gouvernemental sur la « sobriété choisie » en 2022, explique à l'époque à l'AFP Patrice Geoffron (Université Paris-Dauphine) lors de la crise énergétique.

L'impératif de sobriété « s'impose dans des sociétés en crise, ce qui est le cas à partir du premier choc pétrolier. Par exemple, c'est en 1974 qu'un décret vient instaurer une limitation dans la température du chauffage », rappelle alors Patrice Geoffron. « Mais dans les générations précédentes, la sobriété était la norme : pendant les guerres, et même pendant les Trente glorieuses à un moment où les réseaux d'acheminement de l'électricité et du gaz étaient moins maillés qu'à l'heure actuelle ».

En 2022, l'action gouvernementale se distingue également de celle des années 1970 « par ses boucliers sur le gaz et l'électricité et autres ristournes à la pompe, affichant une posture plus protectrice ».

Un « effet repoussoir » ? Lutter contre les idées reçues

L'association négaWatt, qui produit des scénarios éponymes, place la sobriété énergétique au centre de sa démarche avec deux autres grands axes : l'efficacité énergétique et la promotion des énergies renouvelables. Elle lutte contre les visions négatives parfois associées à la sobriété (le « manque ») et a entre autres publié une note en février 2022(3) pour dénoncer les caricatures « ciblant les hypothèses de sobriété de son scénario [...] pour effrayer et chercher un effet repoussoir ». 

Elle y explique ses mesures visant à « réduire de 28% nos consommations d’énergie en 2050 par rapport à 2015(4) » et les chiffres associés « pour tenter de mettre fin aux erreurs d’interprétation et aux procès d’intention récurrents qui en découlent ». L'association négaWatt y dément entre autres le fait de « vouloir interdire les maisons individuelles »(5)

Illustrations

Pour décrire la sobriété de façon consensuelle, l'Ademe mentionne un « continuum de démarches qui promeuvent une modération ». Précisons que la sobriété numérique fait l'objet d'une attention particulière (et d'un emploi assez fréquent dans les débats), avec l'explosion des usages numériques et le développement d'innovations énergivores comme l'intelligence artificielle.

Des exemples de gestes simples

L’isolation est le chantier auquel « penser en premier lieu » pour réduire le recours au chauffage et les consommations d'énergie dans son logement, rappelle l'Ademe. Trois équipements « très rentables » peuvent par ailleurs permettre de réduire la consommation de son chauffe-eau « jusqu’à 33% » selon l’Ademe : les réducteurs de débit installés sur les robinets et dans la douche, un thermostat électronique relié au ballon d’eau chaude et une jaquette isolante autour du ballon d’eau chaude pour limiter les pertes de chaleur.

Parmi les gestes « simples » possibles au quotidien, l’Ademe cite pêle-mêle le fait de prendre des douches courtes de 5 minutes maximum, laver sa vaisselle avec un programme « Éco » (qui consomme jusqu’à 45% de moins qu’un programme intensif), laver son linge à 30°C (ce qui consomme deux fois moins qu’un lavage à 60°C), mettre un couvercle sur les casseroles et les poêles pendant la cuisson (pour consommer 25% d’énergie en moins), etc.

L'Ademe appelle également à la vigilance au sujet des « consommations cachées » liées aux veilles de nos équipements. Ces veilles comptent, pour un ménage français, jusqu’à 15% de la facture d’électricité hors chauffage et eau chaude, soit plus de 100 € par an. Une seule machine à expresso non débranchée (en veille cachée) peut par exemple engendrer une consommation coûtant 3 à 4 € par an.

Connaître les consommations de ses équipements pour mieux agir

Malgré les progrès d’efficacité énergétique de nos équipements, la consommation d’électricité dans les logements des Français est en hausse. Et ce sans que les Français y prennent garde : en moyenne, les foyers « pensent posséder 34 appareils électrique, ils en possèdent en réalité 99 », note l’Ademe dans un guide pour réduire la facture d’électricité de son foyer publié en 2022(6).

Il y est entre autres rappelé que e chauffage compte à lui seul pour près des deux tiers des consommations énergétiques à la maison. Un chauffage électrique en maison engendre par exemple une consommation moyenne de 4 312 kWh par an (soit environ 750 €(7)).

Hors chauffage et eau chaude sanitaire, l’Ademe cite en particulier parmi les équipements les plus énergivores :

  • le climatiseur mobile qui engendre, selon les estimations de l’Agence, une consommation moyenne annuelle de 1 080 kWh (soit près de 188 €) sur la base d’une utilisation de 60 jours pendant 18 heures ;
  • le réfrigérateur combiné (320 litres) qui consomme en moyenne 346 kWh par an (60 €) ;
  • le congélateur (180 litres) dont la consommation moyenne s’élève à 308 kWh par an (54 €) ;
  • le sèche-linge qui consomme en moyenne 301 kWh (pour un modèle 7 kg, 52 €).

La consommation d'électricité dans les foyers des Français

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