Parc éolien d'Haupersweiler en Allemagne. (©EnBW/Weltenangler)
La production électrique de l’Union européenne (UE) a franchi de nouvelles étapes dans sa transition bas carbone en 2023, avec entre autres un recul record de la contribution des centrales à gaz et à charbon souligné par le think tank Ember dans son dernier rapport de février (accessible en bas de cet article). État des lieux de la production d'électricité dans les 27 États membres.
L’éolien, 2e filière productrice d’électricité dans l’UE en 2023
En 2023, la production d’électricité à partir du charbon et du gaz dans l’Union européenne a connu « un effondrement sans précédent », souligne Ember (avec respectivement des chutes de production par rapport au niveau de 2022 de 26% pour le charbon et de 15% pour le gaz, soit la plus forte baisse annuelle concernant ce combustible depuis 1990). Dans le même temps, la production d’électricité provenant de l’ensemble des filières renouvelables a, pour la première fois, dépassé la barre des 40% du mix électrique de l’UE (près de 44% en 2023).
En 2022, les filières éolienne et solaire avaient en cumul (22,3% du mix électrique de l'UE cette année-là) produit pour la première fois plus d'électricité que le gaz naturel (19,9%), dans un contexte de fortes tensions avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie. En 2023, la seule filière éolienne a généré davantage d’électricité que le gaz, devenant de fait la 2e filière productrice d’électricité dans l’UE (17,6% du mix en 2023), devant le gaz naturel (16,8%) et le charbon (12,3%).
Le nucléaire est resté la première filière productrice d’électricité dans l’UE (22,9% du mix européen en 2023), avec un rebond de la production du parc français compensant la fermeture des derniers réacteurs allemands en avril 2023. Précisons que la France a compté à elle seule pour 54% de la production nucléaire de l'UE en 2023 (avec 336 TWh générés, contre 57 TWh pour l'Espagne, 2e État membre ayant produit le plus d'électricité à partir du nucléaire).
Les émissions de CO2 liées au secteur électrique de l’UE ont in fine chuté de 19% en 2023 par rapport à 2022.
2024, « année de la batterie » ?
Selon Ember, la demande d’électricité dans l’Union européenne pourrait augmenter d’environ 2 à 3% en 2024 par rapport à 2023, dans un contexte d’électrification accélérée et de plus faible inflation. Le think tank juge que le secteur électrique européen se trouve « au milieu d'un changement monumental ». Pour témoigner de cette accélération de la « transition électrique », Ember souligne qu'environ un cinquième des centrales à charbon dans l’UE (21 GW de capacités cumulées, dont 10 GW en Allemagne) devraient être fermées en 2024 et en 2025.
L'année 2024 devrait également être « déterminante pour l’éolien offshore, avec un record de 50 GW de capacités mises aux enchères » : les résultats de ces enchères témoigneront de la dynamique de cette filière.
Sans surprise compte tenu du rapide développement des filières renouvelables souligné par Ember, 2024 pourrait également être « l’année de la batterie » : l’augmentation des capacités de production pourrait tirer les prix vers le bas malgré la hausse de la demande, « à l’instar de ce qui est arrivé pour la production de panneaux solaires en 2023 ». Le think tank souligne ainsi que l’Europe pourrait installer 70 GW de batteries stationnaires entre 2023 et 2028 selon les prévisions de l’AIE.