Selon la filière, environ 1% de la surface agricole utile française seulement est utilisé pour produire des betteraves et des céréales pour le bioéthanol et ses coproduits alimentaires. (©Vanackere)
Après avoir témoigné durant des années des progrès du SP95-E10 au sein du marché des essences, la filière du bioéthanol focalise désormais sa communication sur la promotion de l'E85. La Collective du bioéthanol(1) a témoigné ce 28 janvier des progrès de ce carburant.
Où en est l'E85 en France ?
Pour rappel, le bioéthanol est incorporé dans les essences en France, en pur ou sous forme d'un dérivé, jusqu’à 7,5% (dont au maximum 5% d’éthanol pur) dans le SP95 et le SP98, jusqu’à 10% dans le SP95-E10 et jusqu’à 85% dans le Superéthanol-E85. Ce taux d'incorporation de bioéthanol dans l'E85 varie toutefois fortement selon les saisons : il chute autour de 60 à 65% en hiver et une moyenne de 75% est généralement retenue.
Au cours de l'année 2024, ce carburant « a franchi le cap des 3 800 stations-services équipées en France, soit près de 40 % des stations du territoire » (et bien plus chez certains distributeurs comme E.Leclerc qui le propose par exemple sur 56% de son réseau(2)), se félicite la Collective du bioéthanol. C'est 7% de stations en plus (+ 268) qu'un an plus tôt. L'application « Mes Stations E85 » répertorie l'ensemble des stations concernées.
Les véhicules pouvant circuler avec de l'E85 (parc « flex-E85 ») a quant à lui augmenté de 8% en 2024, avec 400 000 véhicules en circulation en fin d'année, dont 250 000 véhicules essence équipés de boîtiers « E85 » et 150 000 véhicules « flex-E85 » d’origine.
Au total, le superéthanol-E85 a compté pour 6% du marché des essences en 2024 (avec 887 millions de litres vendus en 2024), contre 59,8% pour le SP95-E10, 14,3% pour le SP95 et 19,9% pour le SP98. Précisons que la France est le premier producteur européen de bioéthanol devant l'Allemagne (avec environ 11 à 12 millions d'hectolitres produits annuellement)(3).
Un argument majeur : le prix
C'est le prix que la Collective du bioéthanol met principalement en avant pour encourager le développement de l'E85 : il a encore baissé de 12 centimes d'euro par litre en 2024 et avoisinait 0,78 €/l en moyenne au 24 janvier 2025, « soit 1€ de moins que le SP95-E10 ». Même en prenant en compte une surconsommation de 25% de l'E85, l'attractivité du « carburant du pouvoir d’achat » est manifeste.
Pour une distance de 13 000 km parcourus en 2024, la filière estime à « près de 729 € » le niveau d'économies grâce à l'E85 par rapport à l’essence SP95-E10 (et plus de 1121 € pour 20 000 km), ce qui correspond aux « niveaux records d’économies constatés en moyenne sur 2022 ». Le niveau moyen d'économies pour 13 000 km parcourus par an serait de 590 € par an en moyenne sur les années 2020 à 2024.
Avec les offres actuels des fabricants, le prix moyen des boîtiers E85 se situerait autour de 700 € selon la Collective du bioéthanol. Autrement dit, cet investissement serait déjà « rentabilisé en 1 an ou 13 000 km ».
Outre cet argument économique(4), la filière met également en avant l'intérêt de l'E85 dans le cadre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre : « le bioéthanol produit en Europe permet de diminuer les émissions nettes de gaz à effet de serre de 79% en moyenne(5) » (par rapport à l'essence fossile). Selon la base de données CarbuRe(6), plus de 2 millions de tonnes de CO2 ont ainsi été évitées grâce au bioéthanol consommé en France en 2023.