La durée de vie du démonstrateur « OPV » installé sur le toit du collège Pierre Mendès-France est estimée à 20 ans. (©Engie)
La plus grande installation de films photovoltaïques « organiques » (OPV) au monde a été inaugurée par Engie le 15 novembre à La Rochelle. Présentation du projet et rappels sur cette technologie.
Un film photovoltaïque très léger couvrant 530 m2 de toiture
C’est sur la toiture du collège Pierre Mendès-France à La Rochelle qu’a été installée la plus importante installation photovoltaïque « organique » au monde. Celle-ci couvre une surface de 530 m2 et dispose d’une puissance installée de 22,5 kW crête. Pour rappel, le photovoltaïque organique consiste à superposer des couches « actives » sur support plastique (les cellules organiques étant dérivées du carbone).
Le film OPV collé sur la toiture de ce collège de près de 500 élèves a été conçu par la société allemande Heliatek (technologie « HeliaSol ») dont Engie possède 6,6% du capital. Il présente l’avantage d’être extrêmement léger (1,2 kg/m2, soit moins de 5% du poids des modules traditionnels) et de s’adapter à tout type de matériau et de structure (plate ou courbée) sans renforcement de cette dernière. « Nous avons proposé le film photovoltaïque organique d’Heliatek car la toiture, légère, ne pouvait supporter du photovoltaïque conventionnel », confirme François Lebreton, chef de projet solaire chez Engie(1).
L’installation pilote installée sur le collège Pierre Mendès-France pourrait produire près de 23,8 MWh par an selon les premières estimations d’Engie(2), soit de quoi couvrir 15 à 20% des besoins électriques annuels du collège (l’électricité du site sera intégralement autoconsommée).
La mise en service d’une usine prévue fin 2018
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un appel d’offres de la Charente-Maritime, le département ayant lancé un plan pluriannuel d’équipement photovoltaïque de près de 600 000 m2 de toitures (dont il est propriétaire). Pour Engie, il constitue « le premier démonstrateur réalisé dans une logique de standardisation et de reproductibilité » de la technologie HeliaSol, indique François Lebreton(3).
Cette technologie - la seule de « dépôt sous vide » - se démarque des autres systèmes OPV par sa puissance et sa fiabilité selon Engie. Deux autres installations pilotes dotées de films HeliaSol , de plus petite puissance, ont déjà été testées sur des bâtiments d’Engie à Bruxelles.
Heliatek prévoit de mettre en service une usine à Dresde « fin 2018 - début 2019 ». Celle-ci doit permettre d’augmenter la production de ces films photovoltaïques organiques, tout en faisant baisser les coûts de fabrication et en augmentant leurs rendements.
Quel potentiel pour le photovoltaïque organique ?
Vanté pour sa légèreté et sa facilité d’installation (les films « OPV » peuvent prendre différentes formes, dimensions et teintes), le photovoltaïque organique souffre encore de la comparaison avec les modules traditionnels en matière de rendement (Heliatek détient le record mondial « OPV » avec un rendement de 13,2%)(4) et de coûts.
« Les modules installés à La Rochelle ont été produits en laboratoire et disposent d’une capacité(5) d'environ 60 W/m². La production en usine va permettre d’atteindre entre 80 et 100 W/m², contre 165 W/m² pour un module en silicium polycristallin standard », précise François Lebreton. Si « l’OPV est actuellement plus onéreux », il confirme que « l’objectif est d’atteindre – à terme – le prix du cristallin ».
Pour y parvenir, Engie met en avant l’énorme potentiel de cette technologie qui pourrait être déployée sur toutes les toitures légères ne pouvant supporter un surpoids. Ce qui pourrait concerner en France une surface de « plusieurs millions de m² (bac acier, fibrociment, toiture terrasse) » selon François Lebreton.
L’installation du film « OPV » sur la toiture du collège Pierre Mendès-France a duré seulement 8 heures selon Heliatek (avec une équipe de 6 personnes, préparation incluse). (©Engie)