- Source : Ifri
La Commission européenne a présenté le 30 novembre 2016 un « paquet » de mesures baptisé « Une énergie propre pour tous les Européens »(1) pour « accélérer à la fois la transition vers une énergie propre et la création de croissance et d'emplois ». Cet ensemble de propositions (de plusieurs milliers de pages) vise entre autres à placer l’Union européenne (UE) au premier rang mondial du secteur des énergies renouvelables.
Dans cette étude publiée par le Centre Énergie de l’Ifri, Michel Cruciani(2) détaille les dispositions du « Paquet Énergie Propre » (ou « Winter Package ») visant notamment à améliorer l’efficacité énergétique de 30% et à porter à 27% la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale de l’UE à l’horizon 2030. Il y rappelle avec un œil critique les propositions de la Commission relatives aux différentes filières renouvelables dans le secteur électrique mais aussi dans les secteurs de la production de chaleur et de froid ainsi que dans les transports.
Le développement des énergies renouvelables est encore principalement envisagé dans le cadre de la production électrique. A l’horizon 2030, ces énergies pourraient compter pour près de 49% de la production électrique européenne selon le scénario EUCO30(3), dont 29% provenant des filières intermittentes (éolien et solaire photovoltaïque), ce qui nécessitera d'y associer d'importants dispositifs de stockage. Le « Paquet Énergie Propre » envisage une réduction progressive des aides à ces filières intermittentes, grâce à un marché de l’électricité réformé. Les agrégateurs, aptes à gérer un ensemble de productions éparses, de stockages et de consommations (en partie modulables), seront amenés à jouer un rôle croissant dans le paysage électrique européen.
Michel Cruciani s’interroge par ailleurs sur la cohérence de l’objectif d’amélioration de l’efficacité énergétique de 30% d’ici à 2030 (en octobre 2014, le Conseil européen avait fixé une cible de 27%). Il alerte sur le fait que l’effort de réduction de la consommation d’énergie finale de l’UE(4) pourrait avoir pour conséquence de maintenir le prix du CO2 à un niveau bas dans le cadre du système européen d’échange de quotas « ETS » (27 €/t de CO2 en 2030 selon les simulations, contre 42 €/t avec une amélioration de l’efficacité énergétique de 27%). Ce faible prix du CO2 aurait entre autres pour effet de réduire la rentabilité des investissements dans les énergies renouvelables, ces dernières nécessitant alors des politiques de soutien plus onéreuses.
Selon le scénario EUCO30, les capacités éoliennes et solaires installées dans l'UE pourraient respectivement être multipliées par 2 et 2,4 entre 2015 et 2030. Ici, la production électrique de l'Union européenne en 2015 et celle « attendue » par la Commission européenne en 2030. (©Connaissance des Énergies)
Sources / Notes
- « Commission proposes new rules for consumer centred clean energy transition ».
- Michel Cruciani est chargé de mission au Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières (CGEMP) de l’université Paris-Dauphine où il assure une grande partie de l’enseignement sur les énergies renouvelables. Il est associé depuis 2009 aux travaux du Centre Énergie de l’Ifri.
- Scénario EUCO30 (suppose une amélioration de l’efficacité énergétique de 30% d’ici à 2030) basé sur des simulations du modèle prédictif PRIMES qui agrège de nombreuses hypothèses : décisions d’investissements, croissance des différents secteurs d’activité, évolution démographique, prix du pétrole, etc.
- Cible de 987 Mtep en 2030 contre 1 133 Mtep en 2015.