Le temps synchrone est une mesure du temps basée en Europe sur la fréquence du réseau standard de 50 Hz. (©Pixabay)
Cette information a suscité l’interrogation de nombreux d’entre vous cette semaine : un déséquilibre sur le réseau électrique au Kosovo a entraîné des retards sur les horloges de nombreux appareils électriques en Europe. Explications.
Un réseau électrique européen « synchrone »
La zone « Continental Europe » (CE), qui comprend 25 pays dont la France, dispose d’un réseau électrique interconnecté qui fonctionne à une fréquence synchronisée de 50 Hz (contre 60 Hz en Amérique du Nord et dans certaines parties du Japon).
L’équilibre entre production et consommation doit être assuré en permanence sur le réseau afin de maintenir le niveau de cette fréquence autour de 50 Hz (celle-ci variant en permanence) et disposer ainsi d’une bonne « qualité » de la fourniture. « Comme le réseau est interconnecté, la surveillance et le maintien de la fréquence est un exercice collectif, 24 h sur 24 h, 7 jours sur 7 », souligne Claire Camus, porte-parole de l’association européenne des gestionnaires de réseaux ENTSO-E(1).
Lorsque la consommation électrique augmente sur le réseau, les générateurs électriques du réseau tournent moins rapidement, ce qui entraîne une fréquence moins élevée, et inversement(2). « Si la fréquence subit de trop grandes variations, la qualité du courant peut-être affectée, ce qui est dommageable pour les appareils connectés, le risque pouvant aller jusqu’à la déconnexion de consommateurs, voire au blackout », précise Claire Camus(3).
Le Kosovo (en orange) se trouve au cœur de la variation de fréquence de début 2018 sur le réseau électrique européen. (©Connaissance des Énergies, d’après ENTSO-E)
De très faibles variations de fréquence modifiant l’heure
Entre mi-janvier et le 6 mars, la fréquence moyenne au sein du réseau électrique synchrone était d’environ 49,996 Hz. Cette baisse de fréquence est due à un déséquilibre offre/demande au sein du bloc « SMM » (Serbie, Macédoine, Monténégro), indique ENTSO-E.
Dans le détail, un différend opposant la Serbie au Kosovo (république autonome depuis sa déclaration d’indépendance en 2008), aurait entraîné « un manque d’électricité de 113 GWh » dans cette zone, dont le gestionnaire de réseau serbe (EMS) est responsable d’équilibre. « Le gestionnaire kosovar a fait part de sa non-capacité financière à se procurer toute l’énergie nécessaire pour couvrir sa demande. Le gestionnaire serbe, normalement en charge d’équilibrer la zone Serbie, Monténégro, Macédoine, n’a pas pris les mesures normalement prévues pour rétablir l’équilibre », précise Claire Camus.
La production insuffisante a entraîné une petite variation de fréquence au niveau européen qui peut sembler anodine mais de nombreuses horloges d’appareils électriques (radio-reveil, four, etc.) se basent sur la fréquence du réseau électrique (« 50 pulsations du courant alternatif correspondent à une seconde du temps synchrone », rappelle le gestionnaire de réseau swissgrid qui mesure en permanence la fréquence du réseau européen). Cela signifie que lesdites horloges ralentissent lorsque la fréquence baisse.
Depuis mi-janvier, la diminution de la fréquence moyenne sur le réseau électrique européen a entraîné « un retard de près de six minutes des horloges électriques qui sont dirigées par la fréquence du système d'alimentation », indique ainsi ENTSO-E.
Claire Camus signale toutefois un retour à l’équilibre dans la zone concernée. « La phase 2 qui consiste en un plan pour ramener les GWh manquants dans le système est en discussion », avant que des échanges au selon d’ENTSO-E permettent « de trouver une solution durable pour qu’un incident similaire ne se reproduise plus »(4).