
La « COP30 » désigne la 30e Conférence internationale des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette COP fait suite à la COP28 de Dubaï en 2023 et à la COP29 de Bakou qui s'est tenue fin 2024.
Date et lieu de la COP30
La COP30 aura lieu du 10 au 21 novembre 2025 à Belém, capitale de l'État du Para située au nord du Brésil.
Cette ville de près de 1,5 million d'habitants se trouve dans l'estuaire des fleuves Tocantins et Pará, aux portes de la forêt amazonienne.
Contexte
Le Brésil, grand pays pétrolier
Le Brésil est le 8e producteur de pétrole au monde (avec 3,4 Mb/j en 2024), le principal en Amérique latine, et envisage d'augmenter encore cette production dans le futur (comme les deux précédents organisateurs des COP). Une ambition « problématique, mais pas spécifique au Brésil », note Christian de Perthuis, fondateur de la Chaire Économie du climat. « La majorité des acteurs pétro-gaziers partagent cette orientation ».
Le projet de Petrobras d'exploiter le gisement offshore de « Marge équatoriale » (qui s'étend sur 350 000 km2, à environ 500 km de l'embouchure de l'Amazone), au potentiel considérable, rencontre notamment de fortes oppositions des ONG environnementales. « On ne peut pas être un leader climatique et avoir en même temps l'intention de multiplier la production de combustibles fossiles », déplore notamment Suely Araujo, ancienne présidente de l'Institut brésilien de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables (Ibama) et membre du collectif brésilien d'ONG Observatoire du climat.
Ce projet est soutenu par le président brésilien Lula qui appelle à se servir de la manne pétrolière pour « financer la transition énergétique, qui coûtera très cher ». Pour autant, la secrétaire brésilienne au Climat, Ana Toni, a promis que le Brésil ne se « déroberait pas » du débat sur la sortie des énergies fossiles.
Un président de la COP non lié à l'industrie pétrolière
Le 21 janvier 2025, Lula a nommé comme président de la COP30 André Corrêa do Lago, secrétaire du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement au ministère des Affaires étrangères qui a eu une longue carrière dans la diplomatie (il était le principal négociateur brésilien lors des COP28 et COP29).
Cette nomination a été saluée par les défenseurs de l'environnement et la société civile brésilienne.
Action de Lula
Luiz Inácio Lula da Silva, dit « Lula », est le président brésilien depuis début 2023, après deux premiers mandats entre 2003 et 2011. Au cours de ces deux premiers mandats, « Lula avait réussi à diviser par pratiquement quatre le rythme de la déforestation, ses successeurs n’ont que partiellement relancé la déforestation», rappelle Christian de Perthuis.
Et les deux premières années de son mandat actuel ont été marquées par des avancées notables, avec une nouvelle forte réduction de la déforestation et une révision à la hausse des objectifs nationaux de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (avec l'ambition annoncée avant la COP29 de réduire de 67% lesdites émissions d'ici à 2035 par rapport à 2005, contre un objectif de 59% auparavant).
Pour Christian de Perthuis, « son objectif affiché d’arriver à zéro déforestation nette d’ici 2030 me paraît jouable. Mais la question cruciale est de savoir si la stabilisation des surfaces sera suffisante car le réchauffement affaiblit la croissance des arbres et leur capacité à absorber le carbone atmosphérique ».

Enjeux de la COP30
La ministre brésilienne de l'Environnement Marina Silva qualifie la COP30 de « COP des COP », alertant entre autres sur la nécessité de parvenir « avant la COP2030 à un alignement sur l'urgence climatique ».
Réévaluation des engagements des pays
À Belém, le principal enjeu sera la réévaluation des engagements de réduction d’émission figurant dans les contributions déterminées au plan national (NDC) pour la troisième période quinquennale d’application de l’accord de Paris (2026-2030), souligne Christian de Perthuis.
« C’est assez mal parti avec l’arrivée de Trump, le remplacement probable de Trudeau par un conservateur dont le premier des mots d’ordre est le démantèlement de la taxe carbone canadienne et les valses-hésitations de l’Union européenne sur la mise en œuvre du Green Deal », déplore-t-il. Et de souligner une grande inconnue, à savoir « la position de la Chine qui continue sur sa spectaculaire lancée dans les industries verts mais semble avoir relancé la construction de centrales thermiques à charbon en 2024 ».
Selon l'ONU Climat, seuls 10 des près de 200 signataires de l'accord de Paris de 2015 avaient soumis leur stratégie actualisée de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2035 avant la date limite du 10 février 2025.
Bilan 10 ans après la COP21
L’objectif de « neutralité » carbone ou de « net-zéro », énoncé à l’article 2 de l’accord de Paris s’est « imposé comme une boussole guidant les stratégies de long terme des États et des grandes entreprises ». Mais le système des contributions déterminées au plan national censé poser des cibles intermédiaires « ne fonctionne pas correctement », constate Christian de Perthuis.
« Le système de gouvernance multilatéral semble plus faible que jamais et on ne voit guère comment les financements climatiques internationaux pourront être multipliés par trois d’ici 2030 avec le retrait des États-Unis qui étaient devenus sous la présidence de Biden le premier bailleur de fonds. La seule bonne nouvelle vient du côté de l’économie, avec la baisse historiques des coûts des énergies de flux (éoliens et solaires) devenues compétitives par rapport aux énergies fossiles pour la fourniture d’électricité, et, demain, dans d’autres secteurs grâce à l’électrification des usages ».
Problématiques de la présidence brésilienne
La présidence brésilienne compte porter « deux problématiques complémentaires : l’arrêt de la déforestation d’ici 2030 et la mise en place de ressources financières dédiées à la finance climat (taxe internationale sur les patrimoines et/ou taxe sur les billets d’avion). Un rehaussement des ambitions sur la déforestation est envisageable, facilité par la mise en place des mécanismes de finance carbone adoptés à Bakou (articles 6.2 et 6.4 de l’accord de Paris) », précise Christian Perthuis, qui juge toutefois une avancée sur les ressources financières dédiées « improbable dans le contexte international actuel ».