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Des scientifiques ont franchi un "jalon" sur la voie de la fusion nucléaire en maintenant un plasma pendant plus de 22 minutes - un record - dans le réacteur opéré par le CEA à Cadarache (Bouches-du-Rhône), a annoncé l'organisme mardi.
1 337 secondes
Promesse d'une énergie propre, sûre, peu coûteuse et quasi-inépuisable, la fusion nucléaire fait l'objet de recherches fondamentales depuis des décennies. Elle consiste à reproduire les réactions qui se produisent au cœur des étoiles, en assemblant deux noyaux d'atomes dérivés de l'hydrogène. C'est le processus inverse de la fission, utilisée dans les centrales nucléaires actuelles, qui consiste à casser les liaisons de noyaux atomiques lourds.
Provoquer cette fusion nécessite des températures d'au moins 100 millions de degrés Celsius afin de créer et confiner du plasma. Ce gaz chaud électriquement chargé a tendance à devenir instable, ce qui peut provoquer des pertes d'énergie et limiter l'efficacité de la réaction.
Le réacteur tokamak West, opéré sur le centre du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) à Cadarache, est parvenu le 12 février à maintenir un plasma pendant 1 337 secondes, "améliorant de 25% le précédent record" établi en janvier en Chine, indique le CEA dans un communiqué.
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👀Nouveau record obtenu dans le tokamak WEST, opéré sur le centre CEA de Cadarache : il a maintenu un plasma de fusion chaud de plusieurs dizaines de millions de degrés pendant 22 minutes avec 2,6 gigajoules d'énergie injectée. pic.twitter.com/mZgk2HTlb1— CEA (@CEA_Officiel) February 18, 2025
Premier plasma d'Iter repoussé à au moins 2033
Obtenir un "plasma long" montre "qu'on le maîtrise dans sa production, mais aussi dans son maintien", souligne auprès de l'AFP Anne-Isabelle Étienvre, directrice de la recherche fondamentale au CEA.
Les scientifiques doivent encore lever de nombreux "verrous technologiques" pour que la fusion thermonucléaire permette de "produire plus d'énergie qu'elle n'en consomme" ce qui n'est pas encore le cas, rappelle-t-elle.
Dans les prochains mois, l'équipe de West compte atteindre "de très longues durées de plasma, de l'ordre de plusieurs heures cumulées" et chauffer "ce plasma à encore plus haute température pour se rapprocher au mieux des conditions attendues dans les plasmas de fusion", indique le CEA dans un communiqué. Et "regarder l'impact du plasma sur la durée de vie des composants internes du tokamak face à ce plasma intense", ajoute Mme Étienvre.
L'objectif est de "préparer du mieux possible l'exploitation scientifique d'Iter", le projet de réacteur expérimental lancé en 1985 par l'Union européenne, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, l'Inde, le Japon et la Russie, explique-t-elle.
Initialement prévue pour 2025, la production du premier plasma d'Iter, confronté à des retards et surcoûts considérables, a été reportée cet été à au moins 2033.