- Source : Ifri
Le Japon doit réviser en 2021 sa stratégie en matière d'énergie et préciser les contours de sa « transition énergétique » qui reste aujourd'hui sujette à de nombreuses interrogations. Parmi ces interrogations figure la future place dans le mix japonais de l'hydrogène « propre »(1) et des piles à combustible. Le Japon promeut certes « avec détermination le développement de son économie de l'hydrogène à tous les niveaux : politique, diplomatique, économique et industriel » mais « il reste à voir si cet enthousiasme peut être transformé en un déploiement crédible, rentable et à grande échelle ».
Dans la note en anglais ci-après publiée le 15 septembre par le Centre Énergie Climat de l'Ifri, Monica Nagashima(2) détaille la stratégie hydrogène du Japon (qui comporte différents volets consacrés à sa production mais aussi à son transport et à son utilisation finale), en précisant les enjeux associés(3) et les freins actuels.
Il est entre autres rappelé que le Japon envisage d'importer la majorité de son hydrogène, ce qui pose à nouveau la question de la forte dépendance énergétique de ce pays vis-à-vis de partenaires étrangers.
En ce qui concerne le recours à l'hydrogène dans les transports, l'auteur souligne notamment que seules près de 3 700 voitures particulières équipées de piles à combustible (Toyota Mirai et Honda Clarity FC) ont été vendues au Japon depuis le lancement du premier modèle en 2014(4), malgré l'avance des constructeurs Toyota et Honda dans ce domaine (le groupe coréen Hyundai a quant à lui vendu, dans son propre pays, 4 194 exemplaires de son modèle NEXO, seulement un an après son lancement qui a eu lieu fin 2018).
Sources / Notes
- C'est-à-dire produit par électrolyse de l'eau en utilisant de l'électricité générée par des filières décarbonées ou en ayant recours à des systèmes de capture et de stockage du CO2.
- Monica Nagashima est une chercheuse spécialiste des politiques du gaz naturel liquéfié (GNL) et de l'hydrogène (notamment au sein de l'Insitute of Energy Economics au Japon).
- « Bien que la stratégie souligne l'importance de la production d'hydrogène décarboné, celle-ci doit être réellement anticipée car elle constitue sa seule voie de commercialisation viable à long terme. La priorité ne revient pas en revanche aux applications dans les secteurs difficiles à décarboner, tels que le transport aérien ou les industries lourdes, et se concentre plutôt sur les secteurs où l'électrification (et la décarbonation par les énergies renouvelables) est judicieuse. »
- Le Japon s'est fixé pour objectif de disposer d'un parc de 200 000 véhicules munis de pile à combustible en 2025 (et 800 000 à l'horizon 2030). Cela implique entre autres de réduire encore fortement les coûts de ces voitures et d'étendre le réseau de distribution d'hydrogène.