En 2016, la centrale de Fessenheim a couvert l'équivalent de 65% de la consommation d’électricité alsacienne selon EDF. (©EDF)
Le secrétaire d’État Sébastien Lecornu est en déplacement jusqu’à samedi dans le Haut-Rhin pour lancer le « comité de pilotage » chargé de prévoir la reconversion de la centrale de Fessenheim. L’occasion de quelques rappels.
Plus de 400 TWh de production depuis 1977
Située dans le Haut-Rhin, la centrale nucléaire de Fessenheim est composée de 2 réacteurs à eau pressurisée connectés au réseau électrique français depuis 1977. Il s’agit de la doyenne des centrales nucléaires encore en service en France. Ses deux réacteurs, d’une puissance électrique de 900 MW chacun, ont produit près de 412 TWh entre 1977 et fin 2016 (soit davantage que l’ensemble de la production nucléaire française en 2016). Précisons que le réacteur 2 est à l’arrêt depuis juin 2016 en raison d’une « irrégularité » liée à la fabrication du générateur de vapeur(1).
Officiellement motivée par l’ancienneté du site et sa situation proche d’une zone sismique, la fermeture de Fessenheim constituait en 2011 un engagement de campagne de François Hollande dans le cadre de l’accord de mandature avec les Verts. L’objectif de fermer cette centrale a été confirmée depuis par son successeur Emmanuel Macron. Une indemnisation d’au moins 490 millions d’euros au bénéfice d’EDF est prévue pour compenser cette fermeture(2).
Un décret publié en avril 2017 au Journal officiel prévoit l'abrogation de l’autorisation d’exploiter la centrale de Fessenheim (décret n° 2017-508 du 8 avril 2017(3)) mais cette mesure reste conditionnée à la mise en service de l’EPR de Flamanville, soit fin 2018 ou début 2019 selon le calendrier actuel. La loi de transition énergétique pour la croissance verte adoptée à l’été 2015 prévoit un plafonnement de la puissance installée du parc nucléaire français à sa capacité actuelle (63,2 GW).
Le chantier de la reconversion
Durant 3 jours, Sébastien Lecornu va rencontrer dans le Haut-Rhin les différents acteurs concernés par la fermeture de Fessenheim (représentants du personnel, élus locaux, présidente du gouvernement de Fribourg, etc.). Il sera question de l’avenir du site qui sera approfondi dans le cadre du « comité de pilotage » qui doit réunir « l'ensemble des élus, des services de l'État et du monde économique » selon le secrétaire d'État.
De nombreux sujets doivent y être abordés : l'avenir des salariés (au nombre de 850, auxquels s’ajoutent 350 intervenants extérieurs et de nombreux sous-traitants), les retombées fiscales (47,1 millions d’euros en 2016(4)) dont profitent les collectivités locales, les étapes de la fermeture de Fessenheim et conditions du futur démantèlement, etc.
Quant à la reconversion du site lui-même, de nombreuses options sont évoquées mais restent à concrétiser(5). La gestion du dossier de Fessenheim est stratégique pour le ministère de l'énergie, faisant figure de « cas d'école » en vue de prochaines fermetures de centrales. Pour rappel, l’objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique français en 2025 a été repoussée en novembre 2017 par le ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot.