- Source : Ifri
La stratégie énergétique de la Russie d’ici à 2035 devrait bientôt être entérinée (le ministère de l’Énergie a transmis au gouvernement une version modifiée de ce document début octobre). Dans l’étude ci-après publiée le 11 décembre par le Centre Russie-Nei de l’Ifri, Tatiana Mitrova et Vitaly Yermakov(1) décrivent les grands objectifs et scénarios envisagés dans cette feuille de route, tout en s'interrogeant sur « sa pertinence et son utilité ».
La stratégie énergie 2035 de la Russie constitue un document important pour connaître les orientations des décideurs russes mais cette feuille de route est jugée « incomplète » : des clarifications sont entre autres attendues sur le futur régime fiscal s’appliquant aux secteurs pétrolier et gazier (qui aura une incidence sur la production d’hydrocarbures), le niveau de régulation de l’industrie gazière, les politiques industrielles et technologiques, les considérations climatiques, etc.
La Russie envisage d’augmenter sa production d’énergie primaire (entre + 8,6% et + 21,2% en 2035, par rapport au niveau de 2018) et ses exportations énergétiques (de + 16,1% à + 32,4% durant cette période). Le pays devrait de plus en plus s'appuyer sur le gaz naturel, dont la part dans la consommation nationale d’énergie primaire pourrait passer de 41% en 2018 à 46-47% à l’horizon 2035, se substituant principalement au pétrole (dont la part diminuerait de 39% à 31-32%, avec une baisse attendue de la production nationale). La part du charbon pourrait par ailleurs légèrement augmenter (de 13% à 14-16%) et celle des énergies renouvelables et nucléaire rester stable (en dessous de 8% du mix national).
« L’ambition d’augmenter les exportations d’énergie et les revenus associés domine clairement l’agenda politique du gouvernement russe », estiment les deux auteurs. Ces derniers rappellent que la Russie est actuellement le 3e producteur d’énergie et le 4e consommateur d’énergie au monde mais surtout « le 1er exportateur de gaz, le 1er ou le 2e exportateur de pétrole et le 3e exportateur de charbon » alors que le pays ne compte que pour 2% de la population mondiale.
L'étude revient par ailleurs sur quelques orientations actuelles de la politique énergétique russe, dont l’accord liant le pays aux membres de l’OPEP (au sein de l’OPEP+) pour soutenir les cours du pétrole et la stratégie nationale pour les exportations gazières qui s'appuie sur « deux champions nationaux : Gazprom en tant qu’exportateur de gaz par gazoduc et Novatek en tant qu’exportateur de GNL ».
En 2018, les revenus liés au pétrole et au gaz ont compté pour 46% des recettes du budget fédéral russe. (©Connaissance des Énergies, d’après travaux de Tatiana Mitrova- Vitaly Yermakov, Ministère des Finances de la Russie)
Sources / Notes
- Tatiana Mitrova est directrice du Centre Énergie de Skolkovo (École de Management de Moscou) et directrice de recherches au Département d’énergie de l'Institut de recherche de l'Académie des sciences de Russie. Vitaly Yermakov et chercheur associé à l’Oxford Institute for Energy Studies.