Vue de Varsovie sous la neige. (©Pixabay)
En Pologne, « une accélération majeure de la transition énergétique est nécessaire pour lutter contre les émissions de gaz à serre résultant du charbon », souligne l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié le 12 mai(1).
Le charbon au cœur du système énergétique polonais
En 2020, les énergies fossiles ont compté pour 88% de la consommation d’énergie primaire de la Pologne(2), dont 40,6% pour le seul charbon. La part du charbon dans la production nationale d’électricité a même avoisiné 80% en 2021 avec le rebond économique post-Covid. La Pologne est ainsi le pays, au sein des 31 membres de l’AIE, où le charbon occupe la place la plus importante dans les mix énergétique et électrique(3). Le pays est par ailleurs le 2e producteur européen de charbon après l’Allemagne et le 10e au niveau mondial.
En mai 2021, le gouvernement polonais et les représentants des syndicats miniers ont certes signé un « contrat social » pour mettre fin à une partie importante de l’extraction de houille, avec des compensations financières pour les régions et travailleurs impactés. Mais cet accord permet dans les faits une exploitation de la houille jusqu’en 2049 et ne couvre pas le lignite (autre type de charbon), « source majeure d’électricité et de chauffage », souligne l’AIE.
Autrement dit, « les objectifs ne sont pas conformes aux engagements de la Pologne au sein de l'UE d'une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 et de neutralité carbone d'ici 2050 et ne reflètent pas la réalité économique du charbon qui devient moins compétitif », affirme l’AIE. L’Agence appelle Varsovie à acter un plan de transition concernant l’ensemble de la chaîne charbonnière « reflétant le besoin d’une transition plus rapide d’ici à 2030 ».
Des progrès toutefois soulignés par l’AIE
Depuis sa précédente analyse sur la Pologne réalisée en 2016, l’AIE estime toutefois que des « progrès impressionnants » ont été réalisés dans ce pays pour développer les énergies renouvelables : la production d’électricité de ces filières a triplé entre 2010 et 2020 (leur part dans le mix électrique polonais est passé de 7% à 18%) et la Pologne constitue désormais l’un des principaux marchés pour le solaire photovoltaïque en Europe.
Le développement de l’énergie nucléaire est, avec l’amélioration de l’efficacité énergétique, au cœur de la stratégie énergétique polonaise : le pays entend construire son premier réacteur nucléaire d’ici à 2033 et prévoit de disposer d’un parc de 6 unités pouvant compter pour 16% de la production nationale d’électricité à l’horizon 2040.
Autre motif de satisfaction dans l’évolution du système énergétique polonais depuis une décennie : la diversification des sources d’approvisionnement en gaz. Le voisin russe comptait encore pour 55% des importations gazières de la Pologne en 2020 mais ce taux était de 90% une décennie plus tôt (ce recul de la dépendance au gaz russe est lié à des investissements dans des terminaux GNL et au développement des interconnexions avec des pays de l’UE).
Et un gazoduc reliant la Pologne à la Norvège via la mer Baltique doit être terminé cette année(4), avec « une capacité excédant les niveaux d’importations de gaz de Russie d’avant-guerre (en Ukraine) ». Une aubaine alors que la Russie a arrêté ses livraisons de gaz à la Pologne (ainsi qu’à la Bulgarie) fin avril 2022 pour avoir refusé des règlements en roubles(5).