Vue de l'usine du Gol (©Albioma)
Les systèmes électriques insulaires sont confrontés à des problématiques de coût et d’alimentation contraignantes, du fait de l’absence d’accès à un grand réseau électrique. Dans ce contexte, des unités de production électrique font preuve d’ingéniosité. Illustration sur deux sites de la Réunion : l’usine du Gol à l’ouest de l’île et la centrale de Rivière de l’Est au sud-est.
L’usine du Gol, productrice d’électricité grâce à la bagasse
Construite en 1892, l’usine du Gol est l’une des deux usines sucrières encore en fonctionnement sur l’île de la Réunion. Elle génère de la vapeur basse pression qui est nécessaire au traitement de la canne à sucre. Parallèlement, elle produit également de l’électricité par cogénération à partir des déchets issus de cette canne.
C’est la bagasse, la fibre de canne à sucre résiduelle après le broyage, qui est utilisée comme combustible durant la période de récolte sucrière. Celle-ci s’étale chaque année de juillet à décembre. Le traitement d’une tonne de canne à sucre génère en moyenne 320 kg de bagasse à la Réunion selon le groupe sucrier Tereos(1). Près de 120 kWh peuvent être injectés en dehors du site à partir d’une telle quantité de bagasse utilisée comme combustible, selon les données de l’exploitant Albioma.
La capacité de broyage de la sucrerie du Gol atteint près 9 000 tonnes de canne par jour. Il en résulte ainsi, lors de chaque campagne sucrière, une production de plus de 300 000 tonnes de bagasse disponible comme combustible. Le reste de l’année, l’usine continue de produire de l’électricité mais à partir de charbon. Cette centrale, dite à cogénération hybride bagasse/charbon, est en service depuis 1996. Elle peut fournir une puissance maximale de 95 MW en fonctionnement bagasse. Hors période sucrière en fonctionnement charbon, la puissance totale du site atteint 111,5 MW.
Une autre centrale thermique à la Réunion, située dans le nord de l’île, fonctionne selon le même principe (Bois-Rouge à Saint-André). Au final, les deux centrales ont produit 267 GWh à partir de bagasse en 2012, soit près de 9,5% de la production totale de la Réunion. La bagasse est la deuxième source d’énergie renouvelable de l’île après l’hydroélectricité.
La centrale hydraulique de Rivière de l’Est, productrice grâce aux précipitations
Mise en service en 1980, la centrale hydroélectrique de Rivière de l’Est récupère les précipitations tombant sur le Piton de la Fournaise. L’eau est captée à différents points du volcan puis est turbinée en aval avec un dénivelé de 870 m. Une galerie d’amenée de près de 4 km surplombant la ville de Sainte-Rose amène l’eau récupérée jusqu’à 4 réservoirs en acier possédant chacun une capacité de 25 000 m3. Lors des pics de consommation, ces bassins sont vidés : l’eau circule à nouveau à travers une conduite forcée de 4,5 kilomètres avant d’être turbinée au niveau de la mer par 4 turbines d’une puissance cumulée avoisinant 80 MW.
Au total, le site hydroélectrique de Rivière de l’Est peut produire près de 370 GWh par an, soit l’équivalent de 13,2% de la production électrique de la Réunion en 2012. Avec les autres barrages de l’île, la Réunion a généré 17,4% de son électricité grâce à l’hydraulique en 2012. Elle a par ailleurs produit près de 6,8% de son électricité à partir de panneaux photovoltaïques. La capacité cumulée (et connectée au réseau) de ces derniers a atteint 152 MW fin 2012.
En incluant l’éolien, la puissance renouvelable intermittente en service atteint depuis 2012 près de 30% de la capacité électrique installée de l’île, en particulier lorsque la consommation est faible et le temps ensoleillé et venteux. Ce seuil de 30% est fixé comme une limite pour l’énergie intermittente (photovoltaïque/éolien) afin de garantir la sûreté du système électrique de l’île. A terme, la Réunion envisage de produire l’intégralité de son électricité à partir des énergies renouvelables, en incluant eau de pluie, bagasse et qui sait d’autres combustibles jusqu’ici non valorisés.
Bagasse exploitée dans l'usine du Gol (©Syndicat du sucre de la Réunion)