Centre de tri par méthanisation et compostage de Chagny. (©EDF-Olivier Guerrin/PWP)
Le cabinet de conseil Sia Partners a publié le 12 mai ses chiffres clés sur le développement du biométhane en France(1). État des lieux.
139 sites d’injection de biométhane à fin mars 2020
Pour rappel, le « biogaz » est à l'heure actuelle produit principalement par méthanisation de déchets organiques fermentescibles (effluents d'élevages, déchets municipaux, etc.). Il est utilisé à des fins de production de chaleur ou d’électricité mais peut également être injecté dans les réseaux gaziers après avoir été purifié(2) et odorisé : il est alors qualifié de « biométhane » (ou de « bioGNV » lorsqu’il sert à alimenter des véhicules comme carburant).
À fin mars 2020, la France comptait 139 sites d’injection de biométhane (principalement des installations agricoles de relativement faible capacité reliées au réseau de distribution de GRDF)(3). Sia Partners présente la filière française du biométhane comme « la plus dynamique d’Europe »(4) avec des hausses annuelles du nombre d’unités d’injection de 73% en 2018 et 62% en 2019.
Au cours du 1er trimestre 2020, 16 nouvelles installations de biométhane ont été mises en service. Si la filière conservait la dynamique des années précédentes, « le parc pourrait dépasser les 200 unités en fin d’année 2020 » mais l’épidémie de Covid-19 a sans surprise fortement ralenti les chantiers en cours. Les installations en service ont toutefois poursuivi leurs opérations et ont même atteint un record d’injection de biométhane dans les réseaux gaziers en mars 2020, avec « pour la première fois plus de 160 GWh injectés sur une période d’un mois ».
Quel développement dans le futur et à quel coût ?
À fin mars 2020, la France disposait au total d’une capacité d’injection(5) de biométhane de 2,5 TWh par an, un volume encore très faible en comparaison avec la consommation française de gaz (de l’ordre de 500 TWh par an(6)). Sia Partners mentionne toutefois une « vague importante » de 1 134 projets de biométhane déclarés(7) en France (avec des capacités potentielles d’injection dans les réseaux gaziers de plus de 25 TWh/an).
La nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publiée en avril 2020 fixe comme ambition de porter la part de gaz renouvelable dans la consommation totale de gaz en France à 7% en 2030 « en cas de baisse de coûts de production du biométhane injecté permettant d’atteindre 75 €/MWh en 2023 et 60 €/MWh en 2028 » et jusqu’à 10% « en cas de baisses de coûts supérieures ». À titre indicatif, ce coût de production s’élève actuellement en moyenne « entre 80 et 100 €/MWh selon la taille des installations, les intrants ou la filière », précise Charlotte de Lorgeril, associée chez Sia Partners.
Pour favoriser le développement du biométhane, un système de tarifs d’achat garantis existe en France depuis 2011 pour les unités raccordées au réseau gazier(8). La PPE prévoit une révision du système de soutien public, avec la mise en place d’un système d’appels d’offres semestriels. « Des précisions sur les modalités pratiques de ces appels d’offres et de l’évolution des tarifs d’achats sont attendues dans les prochains mois », rappelle Sia Partners(9).
Cette nouvelle configuration doit permettre un meilleur contrôle du niveau de soutien public en faveur du biométhane, avec un budget dédié de 9,7 milliards d’euros sur la période 2019-2028 indiqué dans la nouvelle PPE(10).
Dans la nouvelle PPE adoptée en 2020, les pouvoirs publics fixent une cible de 6 TWh de biométhane injecté dans les réseaux gaziers français en 2023 (contre 8 TWh dans l’ancienne PPE) et une fourchette 14 à 22 TWh injectés en 2028. (©Connaissance des Énergie, d’après Sia Partners)