En plus d'être le principal investisseur mondial dans les énergies renouvelables sur son propre territoire, la Chine continue à conquérir de nouveaux marchés selon l'IEEFA. (©Pixabay)
En 2017, la Chine a encore fortement renforcé ses investissements dans les énergies renouvelables à l’étranger, selon un rapport publié le 10 janvier par l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA).
Plus de 44 milliards de dollars d'investissements à l’étranger
Dans le domaine des énergies renouvelables et des réseaux électriques, le montant des prises de participation et des grands projets d’infrastructures (d’une valeur de plus de 1 milliard de dollars) des entreprises chinoises à l’international a atteint 44,3 milliards de dollars en 2017, soit une hausse de 38% par rapport à 2016 (32 milliards de dollars) selon l’IEEFA.
Au Pakistan, l’investissement de la société des Trois Gorges pour construire la centrale hydroélectrique de Karot ainsi que deux autres centrales hydrauliques et 3 parcs solaires s’élèverait en particulier à près de 6 milliards de dollars. Au Nigéria, les entreprises China Gezhouba et PowerChina doivent construire une autre centrale hydraulique de 3 GW de puissance (Mambilla), un projet évalué à 5,8 milliards de dollars.
Parmi les projets majeurs de 2017 listés par l’IEEFA, 7 des 18 grandes investissements chinois sont situés au Pakistan et au Népal. Des contrats portant sur les différentes secteurs de la « transition énergétique » ont également été conclus dans le reste de l’Asie, au Moyen-Orient, en Australie, en Amérique latine et même en Europe. En juillet 2017, un consortium mené par CK Infrastructure(1) a fait l’acquisition de la société Ista (compteurs et efficacité énergétique) en Allemagne pour près de 4,5 milliards d’euros.
L'IEEFA indique que les ambitions chinoises à l’international sont en grande partie portées par l’Initiative « Belt and Road »(2) qui encourage les investissements dans des infrastructures le long des anciennes routes de la soie.
En vue : une domination de tous les secteurs de la transition énergétique
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine pourrait compter pour 40% des nouvelles capacités éoliennes et 42% des nouvelles capacités solaires installées dans le monde sur la période 2017-2022. Près de 60% de la production mondiale de cellules photovoltaïques provient actuellement de Chine, où sont situés les principaux fabricants mondiaux de panneaux (Trina Solar, JA Solar) et où au moins 50 GW de capacités photovoltaïques auraient été installées dans le pays en 2017, d’après les dernières données de l’IEEFA.
La Chine continue également de se développer dans le secteur éolien, notamment avec son fabricant Goldwind, et dans le secteur hydroélectrique, avec de grands projets de barrages en Asie, en Afrique et en Amérique latine. « Alors que la transition mondiale vers les énergies renouvelables s'accélère et que les technologies de stockage de batteries et des véhicules électriques prennent de l'ampleur, la Chine se prépare à dominer ces secteurs au cours des prochaines décennies de ce siècle », indique l’IEEFA. Dans ce contexte, le contrôle des terres rares et métaux critiques associés à la transition énergétique s’avère également capital pour Pékin(3).
Dans le cadre de l’accord de Paris, la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, s’est engagée à ce que ses émissions atteignent un pic en 2030 au plus tard. Pékin souhaite également porter la part des énergies renouvelables et nucléaire dans son mix énergétique à 20% à cet horizon. Ses investissements massifs portent ainsi sur l’ensemble des technologies bas carbone, comme en témoignent ses 19 réacteurs nucléaires en cours de construction (parc de 38 réacteurs en service(4)). Rappelons toutefois que la consommation d’énergie primaire de la Chine en 2016 reposait encore à près de 62% sur le charbon(5).