En Allemagne, la centrale électrique d'Irsching peut fonctionner en utilisant du gaz ou du fioul comme combustible. (©Uniper)
Le prix moyen du baril de Brent a avoisiné 75 $ durant la semaine du 20 septembre 2021. À ce prix, le fioul lourd est actuellement « plus compétitif » que le gaz naturel pour produire de l'électricité, alerte IFP Energies nouvelles (IFPEN) dans une note publiée ce 27 septembre(1).
Même à 100 $ par baril cet hiver ?
Avec un prix du pétrole brut avoisinant 75 $ par baril, « les produits pétroliers type fioul lourd deviennent plus compétitifs que le gaz naturel pour la production d’électricité »(2), indique IFP Energies nouvelles. Ils resteraient même « compétitifs pour un prix du pétrole de 100 $/b environ sur la base des prix à terme du gaz prévus actuellement pour cet hiver en Europe ». Un repli du prix du gaz est attendu au printemps 2022, précise IFPEN.
Les centrales électriques « au pétrole » sont historiquement en déclin (6% environ des capacités électriques installées dans le monde en 2019, contre 24% selon IFPEN). Elles « ne sont en service en moyenne que 1700 h par an avec des écarts importants par zone (1 000 h/an en Europe ; 3 200 h/an au Moyen-Orient), contre 3 500 h/an pour les centrales au gaz ». Mais puisque le temps d’utilisation de ces centrales au fioul est très faible, « il semble envisageable de les faire fonctionner plus longtemps » : une hausse de 50% de leur temps de fonctionnement entraînerait « une consommation supplémentaire de 0,7 Mb/j pour l’Asie et l’Europe uniquement et de 2 Mb/j au niveau mondial ce qui est significatif », précise IFPEN(3).
Quelle influence sur le prix du pétrole ?
IFP Energies nouvelles décrit le « transfert envisageable de la demande de gaz naturel vers le pétrole en particulier dans le secteur électrique » comme l'un des facteurs de hausse du prix du pétrole (avec la baisse de la production et des stocks aux États-Unis). Si « cette influence gaz/pétrole est avérée cet hiver, et dans l’hypothèse d’un recours grandissant au pétrole, la zone des 80 à 100 $/b devient envisageable sur la base des anticipations actuelles du prix du gaz en Europe et en Asie »(4). Une hausse de la production de l’OPEP+ (ou un contexte financier dégradé) pourrait « toutefois permettre d’éviter un tel scénario ».
Rappelons par ailleurs que les centrales au fioul émettent beaucoup plus de CO2 que les centrales à gaz (de l'ordre de 80% selon les données de RTE(5)). Un bien mauvais signal à quelques semaines de la COP26.