Découverte historique d'or noir dans le permis de Guyane Maritime (ici, les îles du Salut au large de Kourou, ©photo)
La compagnie britannique Tullow Oil a annoncé, le 9 septembre, la découverte d’un important gisement profond de pétrole au large de la Guyane française. Le forage d’exploration sur le puits nommé « Zaedyus », situé en mer à 150 km au Nord-est de Cayenne, a confirmé la présence d’une nappe pétrolifère de 72 m d’épaisseur. Les réserves du gisement avant le forage étaient estimées à près de 700 millions de barils (soit la consommation française annuelle de pétrole).
Le groupe Total possède une participation de 25% dans ce permis, avec l’opérateur Tullow Oil (27,5%), Shell (45%) et Northpet (2,5%). Le forage guyanais est le plus profond jamais réalisé dans les eaux françaises : il atteint actuellement une profondeur de 5 711 mètres sous le niveau de la mer (le fond de l’océan se trouve à 2 000 m).
Un « miroir » pétrolier de l’Afrique de l’ouest
Cette découverte constitue surtout une confirmation géologique pour Tullow Oil, qui avait parié sur la Guyane après la découverte au large du Ghana d’un gisement pétrolifère de près de 1,4 milliard de barils en 2007 (Jubilee).
En effet, rappelons que le pétrole est un combustible fossile dont la formation s’étend de 20 à 350 millions d’années. La position actuelle des continents résulte de la dislocation de la Pangée, « supercontinent » apparu il y a 250 millions d’années. Les continents sud-américain et africain, initialement « collés », ne se sont définitivement séparés qu’au Crétacé, il y a 80 millions d’années, soit après le début de la formation de grands gisements actuels de pétrole. D’où la convergence géologique entre la Guyane française et le Ghana, qui nourrissait les espoirs de Tullow Oil. « Il y a des milliards de barils de potentiel dans ces champs au Ghana et pour les opportunités de la Guyane française, c'est la même chose voire plus », explique ainsi Angus McCoss, le directeur exploration du groupe(1).
Un potentiel de production à préciser
Les premiers résultats sur ce prospect, rendus possibles par l’usage d’une sismique 3D(2) sont « encourageants » assure les différents communiqués des groupes associés. Après une campagne de mesures intermédiaires, le forage doit se poursuivre jusqu’à la profondeur de 6 000 m afin de préciser le potentiel de production et l’étendue des ressources(3). Les analystes avancent déjà des estimations entre 1 à 5 milliards de barils, soit près de 0,1 à 0,4 % des réserves prouvées mondiales(4).
Carte du monde au début du Crétacé, - 120 millions d'années (©2001 C.R. Scotese PALEOMAP Project)