En Angleterre, la centrale à charbon de West Burton A a fermé fin mars 2023, après 57 ans d'activité. (EDF-Philippe Eranian)
Le gestionnaire du réseau électrique britannique National Grid ESO a communiqué à plusieurs reprises ces dernières semaines sur la part record des filières bas carbone dans le mix électrique de la Grande-Bretagne.
Un point bas de 2,4% d'énergies fossiles dans le mix britannique
En avril 2024, l'éolien a compté pour 35,1% de la production britannique d'électricité, ce qui en faisait la principale source d'électricité en Grande-Bretagne pour le 3e mois consécutif selon National Grid ESO. Suivaient le gaz naturel (16,9% au mois d'avril) et le nucléaire (16,2%).
La Grande-Bretagne a « battu deux records de faibles émissions de carbone le mois dernier, le 5 et le 15 avril », souligne également le gestionnaire de réseau : la part cumulée du gaz et du charbon est en particulier tombée à seulement 2,4% du mix électrique national durant une heure de déjeuner du 15 avril dernier (et à 6,4% en moyenne sur l'ensemble de la journée du 5 avril).
L'intensité carbone du mix électrique britannique avait alors chuté à un niveau historiquement bas de 19 g de CO2 par kWh à 13h le 15 avril (et à 21 g CO2/kWh le 5 avril).
On 15 April at 1pm, Great Britain achieved a new low carbon intensity record of 19gCO2/kWh, beating the previous record set on 5 April of 21gCO2/kWh. 🍃 Learn how we’re getting closer to a zero-carbon electricity system. 📽👇 pic.twitter.com/SCd7iAP9yP
— National Grid ESO (@NationalGridESO) April 16, 2024
L'ambition de National Grid ESO : vers un « réseau zéro carbone »
La production d'électricité lors du record du 15 avril dernier venait environ pour moitié de l'éolien, pour un peu plus de 30% de solaire et pour plus de 13% du nucléaire.
Au 24 avril 2024, le média Carbon Brief répertoriait déjà(1) « 75 périodes de demi-heures avec moins de 5% d'énergies fossiles dans le mix électrique national » depuis le début de l'année 2024, contre 16 demi-heures sur l'ensemble de l'année 2023.
National Grid ESO s'est fixé pour ambition de gérer un « réseau zéro carbone » durant « de courtes périodes à partir de l'an prochain ». L'entreprise investit à ce titre massivement dans son réseau (58 milliards de livres d'ici à 2035 d'investissements annoncés dans son plan « Beyond 2030 »(2)).
Le mix électrique britannique a déjà très rapidement changé au cours des dernières années : les énergies fossiles comptaient encore pour plus de 76% de ce mix en 2010, environ 51% en 2015 et approximativement 38% en 2020. Le pays ne dispose plus que d'une seule centrale à charbon (à Ratcliffe-on-Soar dans le Nottinghamshire) qui doit fermer en septembre prochain.
Une intensité carbone encore près de 5 fois plus élevée qu'en France
Les filières bas carbone toutes cumulées (éolien, solaire, biomasse, hydroélectricité, nucléaire) ont au total compté pour plus de 55% de la production britannique d'électricité en 2023(3), indique National Grid ESO.
Mais c'est le gaz naturel qui a toutefois encore fourni le plus d'électricité à la Grande-Bretagne l'an dernier (32%, contre 38,5% en 2022), devant l'éolien (29,4%, contre 26,8% en 2022) et le nucléaire (14,2% contre 15,5%, en 2022)(2).
L'intensité carbone moyenne de la production électrique britannique s'élevait encore à 149 g CO2/kWh en 2023. Bien loin du niveau français (32 g de CO2eq/kWh en 2023 selon RTE) ou de pays nordiques avec une production hydraulique abondante (Suède, Norvège) mais environ moitié moins que l'Allemagne (303 g CO2eq/kWh).