La consommation d’électricité par habitant de Dubaï est l'une des plus importantes au monde, en raison des importants besoins de climatisation. (©photo)
L’autorité de Dubaï en charge de l’électricité et de l’eau (DEWA) a annoncé le 15 janvier vouloir accélérer le développement d’un immense projet de parc photovoltaïque. Réputé pour son architecture hors normes (avec le Burj Khalifa, plus haut gratte-ciel au monde et ses archipels artificiels de Palm Islands), l’émirat voit aussi grand dans le domaine de l’énergie.
Parc solaire de Mohammed bin Rashid Al Maktoum : objectif 1 000 MW
Portant le nom de l’émir actuel, le parc solaire de Mohammed bin Rashid Al Maktoum, situé à 50 km au sud de la capitale, incarne les ambitions renouvelables de Dubaï. Ce projet, échelonné en plusieurs étapes, vise à atteindre une puissance électrique de 1 000 MW photovoltaïques installés à l’horizon 2030.
La première phase du projet, terminée fin 2013, peut sembler très modeste par rapport à cet objectif. Avec 13 MW installés, le parc photovoltaïque s’étend pourtant déjà sur une surface de près de 240 000 m2, soit l’équivalent de la superficie de 33 terrains de football. Il est constitué de 152 880 modules photovoltaïques fournis par l’entreprise américaine First Solar. A ce stade de développement, le parc est en mesure de produire près de 24 millions de kWh par an. Cela permet d’alimenter en électricité l’équivalent de 600 logements (Dubaï compte près de 2,3 millions d'habitants).
Phase 2 : des objectifs doublés
Le 15 janvier 2015, la DEWA a donné une envergure plus importante à ce parc en annonçant que sa puissance serait augmentée de 200 MW lors de la 2e phase de développement, au lieu des 100 MW initialement prévus. L’autorité a annoncé que le coût de production électrique estimé de ce parc avoisinerait 5,98 centimes de dollar par kWh, soit nettement moins que les coûts actuels du secteur photovoltaïque (entre 10 et 30 centimes de dollar par kWh en moyenne selon l’IRENA). Cette nouvelle phase va nécessiter un investissement de la DEWA de 283 millions d’euros.
Les panneaux photovoltaïques supplémentaires devraient être installés d’ici à avril 2017 par les sociétés saoudienne ACWA et espagnole TSK. A cet horizon, le parc solaire de Dubaï devrait s’étendre sur 4,5 km2, soit la superficie de près de 620 terrains de football. En se substituant à des centrales thermiques à combustible fossile, le parc photovoltaïque pourrait également permettre d’éviter l’émission d’environ 250 000 tonnes de CO2 par an. Cela correspond approximativement au dioxyde de carbone rejeté par près de 33 000 voitures.
Dubaï : une stratégie de diversification du mix électrique
Dans son plan « Dubaï Integrated Energy 2030 », l’émirat ambitionne de produire à cet horizon 5% de son électricité grâce à son parc de Mohammed bin Rashid Al Maktoum. Son mix devrait toujours être dominé à plus de 80% par des énergies fossiles (71% gaz, 12% charbon), le reste de l’électricité provenant principalement de réacteurs nucléaires (3 réacteurs d’une puissance cumulée de 4 GW sont en cours de construction). De cette manière, Dubaï ambitionne de réduire ses émissions globales de CO2 de 30% d’ici à 2030.
L’émirat va au total investir presque 3 milliards d’euros dans le parc photovoltaïque de Mohammed bin Rashid Al Maktoum. Son ambition de développer les énergies alternatives fait écho au projet Masdar de ville écologique dans l’émirat voisin d’Abou d’Abi. Les Émirats arabes unis cherchent ainsi aujourd’hui à se distinguer dans le domaine des renouvelables alors qu’ils se sont développés grâce à leurs immenses ressources en hydrocarbures. Pour rappel, cet État fédéral, membre de l’OPEP, est le 6e producteur de pétrole au monde, avec près de 3,6 millions de barils produits quotidiennement en 2013(1).