Entre 2020 et 2023, près de 312 000 emplois supplémentaires auraient été pourvus aux États-Unis dans le secteur des énergies bas carbone. (©Pixabay)
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) salue, dans un rapport publié le 2 juillet (accessible en fin d'article), les initiatives majeures de l'administration Biden qui ont « conduit à un boom des investissements dans les énergies propres » (presque 60% de hausse au cours des 4 dernières années).
Une dynamique bas carbone grâce à l'action fédérale
En 2023, les émissions américaines de CO2 liées à la combustion d'énergie ont chuté de 4% alors même que le pays connaissait une croissance économique d'environ 2,5%. Ce découplage des émissions du second consommateur mondial d'énergie et second émetteur de CO2 du globe est salué par l'AIE.
L'Agence souligne en particulier que les progrès d'efficacité énergétique aux États-Unis avoisineraient 4% en 2023, soit le niveau annuel attendu dans son scénario NZE (zéro émission nette) et une des cibles de la COP28 (qui fixait entre autres un doublement du rythme des progrès en matière d'intensité énergétique).
La « relance financière historique » de Joe Biden (avec principalement la Bipartisan Infrastructure Law ou « BIL » et l'Inflation Reduction Act ou « IRA ») a eu un impact majeur sur la transition bas carbone américaine : « au titre de la BIL, un total de 550 milliards de dollars a été alloué à l'énergie et aux infrastructures propres, tandis que l'IRA fournit un financement estimé à 370 milliards de dollars pour promouvoir la sécurité énergétique et lutter contre changement climatique ».
Pour rappel, les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52% d'ici à 2030 par rapport au niveau de 2005. Selon le gouvernement, les politiques en place (BIL, IRA en particulier) pourraient permettre de réduire de 40% les émissions à l'horizon 2030, des initiatives supplémentaires au niveau fédéral et des États devant permettre de combler l'écart restant avec l'objectif national.
Premier producteurs mondiaux de pétrole et de gaz
Dans le secteur électrique, les États-Unis visent une production 100% bas carbone à l'horizon 2035 grâce aux filières renouvelables (éolien, solaire, géothermie, hydroélectricité, biomasse), au nucléaire ainsi qu'aux énergies fossiles avec captage et stockage du CO2 émis lors de leur combustion.
Pour atteindre cet objectif, l'AIE estime que le pays aura besoin de près de 2 000 GW de nouvelles capacités de production bas carbone et de stockage d'ici à 2035. A plus court terme, la part des filières renouvelables dans le mix électrique américain est censée être augmentée de 22% en 2023 à 34% en 2028 grâce aux réformes entreprises (notamment des crédits d'impôts sur l'électricité bas carbone).
L'Agence souligne également que les États-Unis «continuent de jouer un rôle vital dans le maintien de la sécurité énergétique mondiale en tant que premier producteur mondial de pétrole et de gaz ». Le gaz américain joue en particulier un rôle central, avec un nombre croissant de sites exportant du GNL : le pays est devenu le premier exportateur mondial de GNL en 2023, notamment pour répondre aux besoins des pays européens se détournant du gaz russe, et pourrait doubler ses capacités d'exportation à moyen terme selon l'AIE.
La production américaine de pétrole a quant à elle avoisiné 19,4 millions de barils par jour (Mb/j) en 2023 et pourrait s'élever à 21,5 Mb/j à l'horizon 2030, selon les prévisions de l'AIE.
Source : The Energy Institute Statistical Review of World Energy - Graphique : Selectra
En milliards de mètres cubes de gaz naturel produit - Source : Enerdata - World Energy and Climate Statistics - Graphique : Selectra
A près de 5 mois de l'élection présidentielle américaine, le rapport de l'AIE appelle l'administration à clarifier encore ses politiques énergie-climat et à maintenir la confiance des investisseurs, en « renforçant les programmes fédéraux qui peuvent améliorer l’abordabilité, la production d’énergie propre, la sécurité énergétique et l’innovation ». Sans citer le candidat Donald Trump à la vision bien différente de celle de l'administration actuelle...