Durant l’été 2018, la « pointe » de consommation électrique en France continentale avait été de 57 000 MW lors du 22 juin. (©EDF-Marc Caraveo)
La sécurité d’approvisionnement électrique en France continentale sera assurée cet été, « même en cas de canicule », estime RTE dans son étude prévisionnelle de l’équilibre offre-demande publiée le 5 juin(1). Explications.
Les « pointes » de consommation en période estivale et en cas de canicule
À températures de saison, la « pointe » de consommation cet été pourrait se situer aux alentours de 55 000 MW en France continentale selon RTE (contre près de 85 000 MW l’hiver dernier). Sur la base des informations transmises par les producteurs d’électricité mi-mai 2019, RTE estime que les capacités de production disponibles en France continentale avoisineront quant à elles 75 000 MW en moyenne cet été, soit près de 20 000 MW de plus que la pointe, grâce à une bonne disponibilité du parc nucléaire et à la croissance du parc renouvelable.
Par rapport à l’été dernier, le gestionnaire de réseau signale une forte hausse des capacités éoliennes (+ 1 600 MW par rapport à fin juin 2018) et solaires photovoltaïques (+ 1 000 MW). La production hydroélectrique pourrait pour sa part être inférieure cet été à l’an dernier en raison de chutes de neige inférieures aux moyennes saisonnières durant l’hiver (entraînant ainsi une baisse de la fonte nivale).
En période estivale, précisons que la pointe journalière peut augmenter, à chaque degré supplémentaire, de 500 MW en moyenne, soit l’équivalent de l’appel de puissance moyen de l’agglomération de Bordeaux (lors d’une vague de froid en hiver, l’appel de puissance augmente de 2 300 MW par degré en moins).
Dans le cas d’un épisode de canicule (caractérisé par des « températures élevées pendant plusieurs jours consécutifs » jusqu’à 7°C supérieures aux normales de saison), l’appel de puissance sur le réseau électrique français pourrait dépasser 60 000 MW, soit croître de l’ordre de 5 000 MW par rapport à la pointe estivale « normale ».
Au niveau du parc de production, RTE rappelle qu’en cas de canicule, plusieurs centrales nucléaires devraient réduire leur production « afin de respecter la réglementation environnementale sur les températures de rejet des eaux » (ce qui pourrait rendre indisponibles 6 000 MW de capacités). S’y ajouteraient une diminution du rendement des installations « thermiques » et une baisse de la production éolienne (qui diminue de près d’un tiers en moyenne dans des conditions anticycloniques(2)). Malgré tout, RTE indique que le réseau électrique français conserverait des marges confortables pour assurer l’équilibre offre-demande en cas de canicule, « à hauteur de 7 000 MW ».
Les creux de consommation et la gestion des surplus de production estivaux
Si les pics de consommation ne devraient ainsi « pas poser de difficulté », RTE doit également gérer les « creux » de consommation (généralement le week-end et chaque nuit entre minuit et 5h) dans le contexte estival de ralentissement de la croissance économique et de baisse des usages de l’électricité.
Le gestionnaire doit assurer en permanence l’équilibre offre-demande sur le réseau, quel que soit le niveau de consommation, l’appel de puissance pouvant être réduit à 30 000 MW autour de la semaine du 15 août. En cas de forte production renouvelable au moment d’un de ces creux de consommation, la France peut être amenée à devoir « exporter massivement de l’électricité » afin de trouver cet équilibre.
« Dans les situations les plus contraignantes, la France pourrait se trouver en surplus de production de près de 3 000 MW (différence entre les besoins d’export et l’export réalisé) fin juin et fin août », indique RTE. Le gestionnaire de réseau aurait alors la possibilité de demander « l’arrêt momentané de groupes de production ». Il est rappelé que les surplus de production sont « un phénomène de plus en plus fréquent » avec la croissance des filières renouvelables à production variable(3).
Pour y faire face, RTE travaille sur de nombreuses « solutions innovantes » : modulation des productions renouvelables, numérisation des infrastructures électriques pour une plus grande flexibilité du réseau, expérimentation de batteries, etc. Le gestionnaire de réseau estime que le développement de la mobilité électrique (avec pilotage de la recharge) pourrait dans le futur également « permettre de moduler fortement la consommation nationale et de l’adapter à la production des énergies renouvelables ».
« En été, la consommation d’électricité peut varier du simple au double selon la météo ou l’activité économique », indique RTE. (©RTE)