Parmi les entreprises citées dans le rapport de l’AFEP, le groupe Danone s’est fixé pour objectif d’atteindre « la neutralité carbone d’ici à 2050 ». (©Danone)
L’Association française des entreprises privées (AFEP) a remis hier à la ministre Ségolène Royal un rapport dévoilant 100 engagements d'une trentaine d’entreprises en matière d'économie circulaire.
Rappels sur l’économie circulaire : un changement de paradigme
En rupture avec l’économie dite « linéaire », l’économie circulaire vise principalement à produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage de matières premières, d'eau et d'énergie.
Ce concept économique trouve de nombreuses illustrations. Il peut notamment se traduire par la fabrication de nouveaux produits à partir de matière recyclée mais aussi par l’économie de matière dès les phases de conception en modifiant les modes de production, en allongeant la durée de vie de la matière ou encore en développant des synergies avec des partenaires économiques de proximité.
En définitive, l’économie circulaire vise à « changer de paradigme »(1) selon les termes de l’Ademe qui définit 7 grands leviers pour la mettre en œuvre : recyclage, approvisionnement durable, éco-conception, consommation responsable, écologie industrielle et territoriale, économie de la fonctionnalité et allongement de la durée d’usage. L’AFEP y ajoute dans son rapport un 8e levier transversal, « Action multi-acteurs », afin de souligner « l’importance de la coopération entre acteurs ».
100 engagements prospectifs de 33 entreprises
Dans le rapport dévoilé hier par l’AFEP (lors d'un colloque dédié à l'économie circulaire) sont listés 100 engagements de 33 entreprises issues de 18 secteurs d’activité différents : automobile, cosmétique, déchets, énergie, etc. Le recyclage fait l’objet de 18% de ces engagements. Les différentes entreprises ont été accompagnées par l’Ademe et WWF France dans la définition de leurs engagements qui portent sur un horizon de temps de 1 à 35 ans. « Nous avons la conviction que l’économie circulaire se mettra en place avec des acteurs pleinement mobilisés, mais que cela ne se fera pas en un claquement de doigts », précise l'AFEP en préambule de son rapport.
Parmi les engagements y figurant, citons entre autres la volonté d’Air France de réduire son empreinte carbone « en promouvant les conditions de développement permettant d’alimenter les avions avec du biocarburant aéronautique durable ». A cette fin, le groupe prévoit de favoriser des centres de production de biocarburants s’inscrivant dans l’économie circulaire et de promouvoir l’usage de la biomasse par la collecte et l’utilisation d’huiles usagées et de déchets.
Le groupe Legrand s'engage pour sa part à réduire de 10% son intensité énergétique d’ici à 2018, en mettant en priorité en œuvre des solutions techniques déjà proposées par l’entreprise sur le marché. Solvay entend réduire de 40% l’intensité carbone de ses opérations d’ici à 2025.
Parmi les énergéticiens, Engie prévoit entre autres d’ « impulser les gaz renouvelables » tels que le biogaz (en réutilisant le carbone des déchets) et le biométhane de 1re, 2e et 3e génération (la maturité de la 3e génération à partir de microalgues n’étant toutefois pas attendue avant 2030). Total entend pour sa part « solariser » 5 000 stations-service à travers le monde dont 800 en France entre 2017 et 2022. Ce projet, nécessitant un investissement de près de 300 millions d’euros, vise à installer environ 200 MW de panneaux photovoltaïques et devrait selon le groupe permettre de réduire ses émissions de CO2 de 100 000 tonnes par an.
Si certains lecteurs pourront juger que ces engagements « ne vont pas assez loin », l’AFEP souligne que les initiatives se multiplient, celles envisagées dans ce rapport ayant vocation à « donner des illustrations pratiques ». Pour rappel, la lutte contre les gaspillages et la promotion de l’économie circulaire font l’objet du titre IV de la loi de transition énergétique adoptée à l’été 2015(2). L’objectif central étant d’entraîner un découplage progressif entre la croissance économique et la consommation de matières premières.