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Le débat sur l'avenir énergétique du pays a été le théâtre jeudi de vifs échanges entre les participants à moins d'un mois de la fin des travaux, à propos d'une tentative d'ébauche de compromis qui visait à surmonter les divergences et les controverses sur des sujets comme le nucléaire.
La "facilitatrice" du débat Laurence Tubiana a ouvert la discussion en présentant une liste de "priorités" qui lui semblaient faire consensus, sans chercher à dégager un scénario d'évolution de la consommation d'énergie à long terme, faute d'accord jusqu'ici sur ce point, et mettant délibérément de côté les "points de vue irréductibles" sur le rôle de l'atome ou du gaz de schiste.
Ces "priorités" incluent notamment la rénovation massive des logements (400.000 à 500.000 par an) ou le développement de la biomasse et des réseaux de chaleur...). Mme Tubiana a également appelé à définir une "stratégie d'évolution du parc nucléaire" conforme à l'objectif gouvernemental (réduction du poids du nucléaire dans le système électrique de 75 à 50% d'ici à 2025).
"Il faut pouvoir commencer à agir et pas juste se mettre d'accord sur un scénario", a-t-elle lancé.
Mais cette méthode a suscité de vives critiques de la part de plusieurs acteurs du débat. Des ONG ont jugé trop tiède cette liste, qualifiée de "plan B" par Mathieu Orphelin de la Fondation Nicolas Hulot, alors qu'un document plus complet qui reprenait les principales positions des différents acteurs du débat, avait été rejeté par le Medef et les syndicats FO et CGT, au motif qu'il ne tenait pas compte de la représentativité des différentes parties prenantes.
"Ce qu'on nous propose aujourd'hui, c'est un Grenelle un peu amoindri. (...) On oublie le long terme, ce qui était la demande d'entrée du Medef", a protesté Maryse Arditi, de France Nature Environnement. Une démarche qui pourrait faire douter, selon elle, du maintien de l'engagement présidentiel sur le nucléaire.
"Je m'interroge vraiment si ça vaut la peine qu'on continue si on se fait balader à ce point", a-t-elle lancé.
"Il y a un piétinement sur l'objectif de rénovation", alors qu'au Grenelle, un objectif de 600.000 logements par an avait été évoqué, a regretté pour sa part Raphaël Claustre, du Comité de liaison énergies renouvelables (CLER).
La liste des priorités a également été critiquée par Jacky Chorin, qui dirige la Fédération FO Energie et Mines, qui y a vu une présentation "biaisée" sur le nucléaire.
Alors que le débat entre dans sa phase finale, la vigueur des discussions a rappelé les positions très tranchées des participants sur des questions centrales, comme l'évolution de la consommation d'énergie, qui sous-tend la place que pourront prendre à l'avenir les différentes filières, du nucléaire aux énergies renouvelables.
Ce débat doit déboucher sur des recommandations pour rendre le système énergétique français plus sobre et moins dépendant du pétrole et du nucléaire.
Après un compte rendu des débats régionaux le 8 juillet, une synthèse globale sera discutée le 18 juillet, lors de la dernière réunion du conseil national du débat, instance qui réunit l'ensemble des participants (élus, patronat, syndicats, ONG, consommateurs...).
Ces recommandations seront présentées lors de la conférence environnementale fin septembre. Elles serviront de socle à un projet de loi de programmation sur l'énergie attendu à l'automne.