- AFP
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La Russie a mené vendredi une attaque "massive" avec des dizaines de missiles et des drones explosifs visant plusieurs sites énergétiques en Ukraine, après une tournée en Europe de Volodymyr Zelensky pour réclamer plus d'armes.
Mercredi et jeudi, le président ukrainien s'était rendu à Londres, Paris et Bruxelles pour exhorter ses alliés européens à lui fournir des missiles de longue portée et des avions de chasse, essentiels selon Kiev pour pouvoir mener des contre-offensives face à la Russie.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a tiré vendredi "six missiles de croisière Kalibr", "jusqu'à 35 missiles guidés anti-aériens S-300 sur les régions de Kharkiv (nord-est) et Zaporijjia (sud)", et utilisé "sept drones Shahed" de conception iranienne.
"Cinq missiles de croisière Kalibr et cinq drones Shahed ont été détruits" par la défense antiaérienne, a indiqué la même source.
Selon elle, "l'ennemi a frappé les villes et les infrastructures essentielles de l'Ukraine", à quelques jours du premier anniversaire de l'invasion russe lancée le 24 février 2022.
Aucune victime n'a été signalée à ce stade par les autorités ukrainiennes.
Plusieurs explosions ont notamment été entendues à Kiev, selon des journalistes de l'AFP qui ont vu des traînées blanches dans le ciel, sans doute dues à des missiles de la défense anti-aérienne ukrainienne.
Après que les sirènes anti-aériennes ont retenti dans la matinée, des habitants de la capitale sont descendus dans le métro pour s'abriter, les yeux rivés sur leur téléphone portable en quête de plus d'informations.
Depuis octobre dernier et après de multiples revers sur le terrain, Moscou vise fréquemment des sites ukrainiens dits "essentiels", plongeant des millions d'habitants dans le froid et le noir, en pleine période hivernale.
"Coupures préventives"
Rapidement vendredi, l'opérateur électrique ukrainien Ukrenergo a indiqué que "plusieurs infrastructures à haute tension ont été touchées dans les régions de l'Est, de l'Ouest et du Sud, ce qui a entraîné des pannes de courant dans certaines régions".
Les Russes "ont ciblé les centrales électriques et les installations du système de transmission", a précisé Ukrenergo dans son communiqué.
"Des coupures préventives d'urgence sont mises en place", a-t-il ajouté, une mesure prise fréquemment lors d'attaques similaires ces derniers mois, pour éviter une surcharge sur le système électrique national.
A Zaporijjia (sud), "une partie de la ville est sans électricité", a indiqué sur Telegram le secrétaire du conseil municipal, Anatoly Kourtev, selon qui, "en une heure, 17 frappes ont été enregistrées dans la ville, (soit) le plus grand nombre depuis le début de l'invasion" russe le 24 février 2022.
"Tenons bon", a-t-il exhorté la population civile.
Dans la région de Kharkiv (nord-est), voisine de la Russie, "des incendies se sont déclarés" à la suite de "frappes de missiles", a affirmé le gouverneur régional, Oleg Synegoubov.
"Certaines zones de la ville (éponyme) restent sans électricité", a-t-il précisé sur Telegram.
Situation pressante
Les dernières frappes russes d'ampleur remontaient à fin janvier, au lendemain de la décision des Occidentaux de livrer des chars lourds à l'armée ukrainienne, une première dans le conflit entre Kiev et Moscou.
Cette nouvelle vague intervient, elle, au lendemain d'une tournée européenne de Volodymyr Zelensky pour réclamer des missiles de longue portée et des avions de chasse, ce que ni les Européens ni les Américains n'ont à ce stade accepté, de crainte d'une escalade avec Moscou.
Seuls les Britanniques ont ouvert la porte à de possibles livraisons "à long terme".
"Nous voulons obtenir ces avions dont nous avons besoin et il y a des accords qui (...) ne sont pas publics", a toutefois assuré jeudi M. Zelensky, sans donner plus de précisions.
Un message rapidement nuancé par son homologue français, Emmanuel Macron, qui a jugé face à la presse impossible de livrer des avions de combat "dans les semaines qui viennent".
"Je n'exclus absolument rien", a ajouté le chef de l'Etat français, mais "ça ne correspond pas aujourd'hui aux besoins" de Kiev.
La situation se fait pourtant de plus en plus pressante sur le terrain, où l'armée russe est à l'offensive depuis le début de l'année.
Appuyée par le groupe de paramilitaires Wagner, elle continue de pilonner Bakhmout dans le Donbass --ville aujourd'hui entièrement détruite et sans grande importance stratégique--, qu'elle tente de conquérir depuis l'été dernier.
Toujours dans l'est, les troupes de Moscou ont également revendiqué ces derniers jours le "succès" de leurs derniers assauts, notamment autour de Vougledar, au moment aussi où les Russes sont à l'offensive vers Kreminna, plus au nord.